Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Daniel Johnston
Yip / Jump Music - Continued Story / Hi, How Are You - Welcome To My World  (High Wire Music /PIAS)  juin 2009

Rares sont les artistes à faire de leur vivant l’objet d’une telle vénération de la part d’un cercle d’aficionados. Lequel tend d’ailleurs considérablement à s’élargir suite à la réalisation du génial documentaire The Devil & Daniel Johnston en 2005.

Ainsi, Daniel Johnston apparaît avant tout comme l’ancêtre et le parrain des mouvances lo-fi et DIY. Aisé dans ces conditions d’imaginer l’influence phénoménale exercée sur ses congénères tous styles confondus depuis près de trente ans : grunge (Sonic Youth, Butthole Surfers, Nirvana), indie rock (Sparklehorse, Eels, Yo La Tengo, Beck) ou évidemment antifolk (Moldy Peaches, Jeffrey Lewis, Prewar Yardsale).

Pour eux, Daniel Johnston fut un père, un guide, un modèle. Pour avoir désinhibé ces générations de musiciens en herbe sur les possibilités et la manière de faire un disque. Pour leur avoir fait prendre conscience que la naissance d’une chanson importe plus que les conditions de réalisation de celle-ci.

Néanmoins, il serait réducteur de s’en tenir à ces considérations de forme. En effet, l’apport de Daniel Johnston est également musical. Pour ces centaines de comptines mélodiques, musicalement minimalistes au pouvoir émotionnel considérable. Le dépouillement intégral ayant dans ce cas trait au génie pur – et non l’inverse. A rapprocher dans l’esprit des efforts solo de Syd Barrett. Amusant également de constater la place laissée à sa voix d’éternel adolescent dans l’interprétation. Pur, brute, parfois chevrotant mais toujours habité, l’organe de Daniel Johnston se voit érigé au rang d’instrument principal. Au point d’en constituer le vecteur majeur de sa communication émotionnelle.

Pourtant pour beaucoup, Daniel Johnston demeure cet être pathologique célèbre pour ses dépressions et ses séjours en hôpital psychiatrique. Celui que l’on exhibe sur une scène comme une bête de foire. Constat malheureusement effectué sur une frange du public dans la quasi-totalité des concerts : bavardages, rires quand il ne s’agit pas d’un départ pur et simple de la salle. Comme incapables de percer la carapace pour découvrir le songwriter et l’artiste de génie sommeillant en lui.

En effet, la personnalité de Daniel Johnston s’avère particulièrement complexe et mérite de s’y attarder. Avec le recul, l’influence de son enfance partagée entre sa Californie natale, la Virginie et le Texan d’adoption brille comme une évidence. Ainsi, la majorité des thèmes récurrents de ses chansons trouvent leur origine ou furent façonnés durant cette période.

Fascination pour les super héros, les comics et les films d’horreur : Casper, King Kong ; lesquels occupent aussi une place privilégiée dans son œuvre picturale. Fascination évidente pour la pop parfaite des Beatles. Lesquels ont véritablement charpenté sa culture musicale. Les références aux Fab Four se comptent donc à la pelle : reprises studio "I Saw Her Standing There", reprises live (au hasard "Help" l’an passé à la Maroquinerie) ou titres sous influence ("The Beatles", "Lennon Song").

Fascination à part quasi égale – quoique plus inconsciente – pour le garage punk sixties américain : "I Met Roky Erickson" ou sa relecture scénique de "Psycho" des Sonics. Pour cette spontanéité et cette authenticité dans l’élaboration et l’interprétation des chansons. Fascination aussi pour ce bon vieux Satan – en réaction à son éducation de chrétien fondamentaliste : "Devil Town" par exemple. Autre thème récurrent, ses amours naissantes mais contrariées avec une dénommée Laurie pour laquelle il composera des dizaines de titres. Ou plus encore l’éternel dilemme intérieur entre religion et pulsions sexuelles : "Man Obsessed" ou "Girls".

La carrière discographique de Daniel Johnston débute à la maison au tout début des années 80. Avec du matériel et dans des conditions d’enregistrement rudimentaires : le piano familial et un magnétophone à cassettes. Cette période verra l’accouchement de Songs of Pain (1980), More Songs of Pain (1981), The What of Whom (1982) et Don't Be Scared (1982) ; lesquels contenant déjà toutes les caractéristiques suscitées de la musique de Daniel Johnston. A cette époque, Daniel duplique et expédie des cassettes à la demande de ses fans – on parle de milliers durant les années 80 – lorsqu’il ne se contente pas de réenregistrer celle-ci ou de refaire l’artwork des pochettes, faisant de celles-ci des pièces uniques.

Le tournant de sa carrière intervient en 1983 avec la parution de son premier album studio Yip / Jump Music dont l’impeccable réédition nous intéresse ici. S’accompagnant à l’orgue-jouet (celui de son petit neveu), quasiment sans le moindre arrangement extérieur, Daniel réalise à l’époque sa plus belle collection de chansons. Contenant les classiques – toujours interprétés sur scène – "Speeding Motorcycle" et "Casper The Friendly Ghost", certains de ses meilleurs titres ("Sorry Entertainer" et "Don’t Let The Sun Go Down On Your Grievances") aussi bien qu’un catalogue non exhaustif de ses marottes ("The Beatles", "God" ou l’ahurissante "King Kong"). Pas forcément le plus abordable du lot mais un disque riche apportant à terme de grandes satisfactions à l’auditeur persévérant.

Quelques mois plus tard, Daniel Johnston réalise son second opus, Hi, How Are You, sorte de concept album dédiée à Laurie et composé durant une période de dépression nerveuse. Et là Johnston impressionne plus encore par la consistance de son œuvre.

Sans atteindre les sommets individuels de son prédécesseur, ce deuxième album studio regorge de pépites : "Walking The Cow", une des plus belles chansons du monde ou l’incroyable "Keep Punching Joe".

Deux ans plus tard, Daniel Johnston s’est établi à Austin. Un reportage diffusé sur MTV lui permet d’accéder à un début de notoriété et d’enregistrer son premier disque avec un groupe tout en accédant aux services d’un producteur. Ce sera Continued Story couplé dans cette vague de rééditions à Hi, How Are You.

La guitare fait une franche apparition au détriment du piano. Pour la première fois, Daniel ne tient pas seul les rennes du projet, lequel part dans tous les sens, laissant au final une impression mitigée. En dépit de franches réussites : "Etiquette", "Dem Blues" ou "Girls".

Enfin, en complément – ou en substitution – de ces trois rééditions, on ne saura que trop conseiller au néophyte l’acquisition de Welcome To My World, compilant les dix premières années de sa carrière, sorte d’introduction idéale et jubilatoire au monde délirant de Daniel Johnston.

L’occasion également de remettre la main sur quelques pépites pas facilement trouvables ailleurs : "Laurie EP" ou ce "Living Life" sorti du Songs Of Pain des débuts.

Espérons enfin que PIAS aura sous peu la bonne idée de ressortir dans la même série l’immense 1990, dont Jeffrey Lewis nous confiait à la terrasse d’un café parisien l’influence déterminante qu’avait eu ce disque notamment sur City & Eastern Songs.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Discovered and Covered de The Late Great Daniel Johnston
La chronique de l'album Beam Me Up! de Daniel Johnston
La chronique de l'album Space Ducks Soundtrack de Daniel Johnston
Articles : Rejected Unknown - Le site Daniel Johnston
Daniel Johnston en concert au Festival Antifolk 2003
Daniel Johnston en concert au Festival Le Printemps de Bourges 2010 (samedi 17)
Daniel Johnston en concert au Splendid (dimanche 18 avril 2010)


En savoir plus :
Le site officiel de Daniel Johnston
Le Myspace de Daniel Johnston


Barbel         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco

• Edition du 2024-04-21 :
Isolation - Resto Basket - Greyborn - Bad Juice - Last Temptation - One Rusty Band - We Hate You Please Die - Ni Vus Ni Connus
Jacky Molard & François Corneloup Quartet - Entre les terres
Trio SR9 & Kyrie Kristmanson - Venus Rising
Yann Jankielewicz, Josh Dion & Jason Lindner - Keep It Simple
Watertank - Liminal Status
Fontanarosa - Take a Look at the sea
Fishtalk - Out
Ambre - Génération (Tome 1)
Whispering Sons - The Great Calm
Vesperine - Perpétuel

• Edition du 2024-04-14 :
Burning Heads - Embers Of Protest
Waxahatchee - Tigers Blood
Bertrand Betsch - Kit de survie en milieu hostile
Nikita Mndoyants - Prokofiev
Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler - Alas
Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne - Arnold Schönberg : Pierrot Lunaire
Thomas de Pourquery - Let the monster fall
Chaton Laveur - Etat Sauvage
Cyrille Dubois & Tristan Raës - Louis Beydts : Mélodies & Songs
Madame Robert - C'est pas Blanche-Neige ni Cendrillon
Chu Chi Cha - Sin Miedo
The Black Enderkid - Symptom Of Decline
Michelle David & the True Tones - Brothers and Sisters
Wizard - Not Good Enough
 

• Archives :
Partie - Théâtre Silvia Monfort
La Mare Aux Grenouilles #83 - Talk Show Culturel
Dal Sasso Big Band - Le Carnajazz des animaux
Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce - Eden Beach Club
PALES - Sweet Needles - Soviet Suprem - Mazingo - Ni Vus Ni Connus
Lucie Folch - Ailleurs
Down To The Wire - Deep In Denial
Palace - Ultrasound
Terestesa - Bella Faccia
Sophie Cantier - Songez
Keigo Mukawa - Maurice Ravel : Complete works for solo piano
Lisatyd - Fishtalk - Ni Vus Ni Connus
Vanessa Philippe - L'amour c'est chiant
Mohamed Najem - Jaffa Blossom
Frustration - Our Decisions
CXK - Castèls dins la luna
Dynamite Shakers - Don't Be Boring
Johnnie Carwash - No Friends No Pain
Esparto - Nous célébrer
Michel Portal & Michel Dalberto - Berg, Brahms, Schumann, Poulenc
Louise Jallu - Jeu
Camille Bénâtre - Dommage
La Mare Aux Grenouilles #82 - Talk Show Culturel
CocoRosie - Elevator Angels EP
Bad Juice - Watertank - Intrusive Thoughts - The Darts - Mélys - Ni Vus Ni Connus
Judas Priest - Invincible Shield
Ecr.Linf - Belluaires
Iamverydumb - Queenside Castle
Karkara - All is Dust
Jean-Marc Millière / Sonic Winter - Five to the Floor
- les derniers albums (7499)
- les derniers articles (354)
- les derniers concerts (2393)
- les derniers expos (5)
- les derniers films (20)
- les derniers interviews (1131)
- les derniers livres (8)
- les derniers oldies (20)
- les derniers spectacles (9)
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=