Il y a presque deux ans, Eiffel remplissait l'Olympia et annonçait sa possible disparition. Le groupe n'ayant plus de maison de disque, l'avenir semblait très incertain...
Depuis, beaucoup de changements ont été opérés...
Il y a eu ce "Temps des Cerises", avec Bertrand Cantat et Serge Teyssot-Gay, offert sur le net l'an dernier.
Au printemps, le groupe signait chez Pias et prévoyait la sortie d'un nouvel album pour octobre.
Côté formation, Estelle a décidé de troquer sa guitare contre une basse... On note également le retour d'un ancien membre du groupe, Nicolas Courret, à la batterie. Il avait joué dans Oobik And The Pucks, puis de la création d'Eiffel en 1998 à 2002.
Et pour compléter le groupe, c'est Nicolas Bonnière (ex Dolly) qui viendra à la guitare.
A Tout Moment, quatrième album du groupe sort donc aujourd'hui... Douze titres écrits et composés par Romain Humeau (excepté "Mort J'appelle"); un album créé "contre vents et marées, banquiers et huissiers", enregistré chez eux, dans le Studio des Romanos à Bordeaux.
Sur leur site, Romain présentait le disque de cette manière: "On ne vous cache pas avoir bossé comme des Balthazars, avec bien souvent des murs en face. Murs défoncés un par un au prix de quelques fatigues et moments de désespoir ce qui rend l'instant présent d'autant plus bandant" ...
et il n'a pas tort le monsieur: voilà déjà plus d'un mois que je n'écoute plus que ce disque...
Même si au premier abord cet album m'a paru plus calme que ses prédécesseurs, le groupe n'a rien perdu de son énergie et de sa tension...
Un disque faisant la part belle à la famille et aux amis...On retrouve ainsi la sœur de Romain, Clémentine Humeau et son copain, Fabrice Gand, aux hautbois sur "A Tout Moment La Rue", "Sous Ton Aile" et "Mort J'appelle" ; Bertrand Cantat sur les chœurs sur "A Tout Moment La Rue" ; Joe Doherty aux violons, saxo et clarinette sur quatre titres . Pour finir l'histoire de famille, la fille d'Estelle et de Romain, Salomé, s'occupe des chœurs sur "Mille Voix Rauques".
On retrouve sur ce disque de nouvelles sonorités: pianos, saxos, violons, hautbois... Des instruments déjà utilisés lors de la tournée acoustique suivant Le Quart D'heure Des Ahuris, le tout donnant une nouvelle dimension au groupe.
Autre nouveauté également, les titres sont tous enchainés les uns aux autres, aucun temps mort entre les chansons...
On débute avec les guitares acoustiques de "Minouche" ... Vite rejointes par la batterie et la voix de Romain... Le chant est contenu, le texte excellent: "C'est du brouillard en errance / A la cime des clochers / Où radote en avance / Les conneries du passé".
Un coup de vent et le single "A Tout Moment La Rue" débute sa montée en puissance... La basse est très présente sur ce titre, les guitares sont plus rocailleuses et râpeuses... Les sifflements donnent un petit côté provocateur et désinvolte au titre et renforcent le texte : "A chacun de nos souffles / Au moindre murmure des bas fonds / C'est dans l'air comme un chant qui s'étrangle / Que d'un pavé de fortune / Contre le tintamarre du pognon / A tout moment la rue peut aussi dire non /.../ A tout ce qui nous lie / Quand la nuit remue / Aux astres et aux Déesses / Qui peuplent nos rêves / Et quand le peuple rêve il aime / Disposer de lui même".
Cerise sur le gâteau, la présence de Bertrand Cantat sur les chœurs... les deux voix se mélangeant à merveille...
La batterie et le piano de "Le Cœur Australie", nous entraine sur un titre très rythmé, plein d'énergie...
Un semblant de calme débarque avec l'intro de "Je m'obstine"...La voix est plus sèche, plus cassante... la musique prend de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure du titre.
Le banjo de "Sous Ton Aile" nous emmène vers "Cet instant là", plus rythmé avec une batterie très présente... "Tu dis que ça ne durera pas / Mais prenons le, tant que c'est là / Tu dis que ça ne durera pas / Mais prenons le cet instant là".
Dans la lignée de "Je Ne Voudrais Pas Crever" de Boris Vian (sur l'album Abricotine), Eiffel s'attaque maintenant à un texte de François Villon, poète du Moyen Age, avec "Mort j'appelle". Un texte datant du XVème siècle, s'insérant parfaitement dans un album rock en 2009, il fallait le faire... Eiffel l'a parfaitement réussi! Les arrangements sont magnifiques,le son des guitares acoustiques également, le chant est contenu, tout colle parfaitement sur ce titre...
On revient à la guitare électrique pour l'intro de "Nous Sommes Du Hasard" pour arriver sur "Clash", morceau plusrentre dedans, le rythme est entrainant... j'aime particulièrement le rythme de chant sur le refrain... Le chant devient plus poussé: " J'file droit au clash / J'fonce comme ma planète / Droit dans les miroirs du non sens / J'file droit au clash / Brinqueballe dans la tête / Me cogner au silence / Clash". La chanson se finit avec un solo de saxo, nous rappelant la fin de "Je m'en Irai Toujours" sur L'éternité de L'instant (album solo de Romain Humeau).
Après "Ma Blonde", on retrouve un de mes titres préféré de cet album: "Mille Voix Rauques"... Le son est plus gras, la voix plus poussée. Un petit break au milieu de la chanson et le titre repart à fond.... L'album finit sur "Ma nébuleuse Mélancolique".
Une fois de plus, Eiffel nous livre un très très bon album... Tout est bon, rien à jeter ! que se soit les musiques, les textes, les arrangements et la sonorité finale des titres, rien ne me laisse sur ma faim! Les fans du groupe ne devraient pas être déçus...
Reste à voir ce que cela donnera sur scène... mais là aussi, pas de soucis, Eiffel a toujours été excellent à ce jeu!
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