Ai-je précisé que leur musique était fabuleuse
et rare ? Non, cela vous le lirez dans le compte
rendu du concert. Pour l’instant c’est (surtout)
eux qui parlent :
Qu’est ce que cela fait de venir en Europe
avec les chansons de Panda Park qui sort juste alors que vous l’avez
enregistré il y a près d’un an ?
Brian : Je trouve que c’est assez bizarre effectivement. C’est souvent comme cela que cela se passe, on enregistre et le disque ne sort pas avant au moins six mois. Pour celui-ci, cela s’est spécialement mal goupillé, parce qu’ils ne voulaient pas le sortir les semaines avant ou après Noël, pour des raisons qui nous échappent et nous dépassent.
Cayce : On aurait préféré que cela ne tarde pas autant. Mais c’est aussi parce qu’on a enregistré un EP de trois chanson lors de la même session d’enregistrement, donc on a attendu d’abord 4 mois pour le EP et ensuite près d’un an pour le LP.
Par ailleurs vous l’avez partiellement enregistré dans deux studios mythiques de Chicago, qu’y a t’il de si particulier dans ces studios même quand les producteurs vedettes n’y sont pas ?
Cayce : En fait c’était avant tout pour
des raison pratiques. On a enregistré à l’Electric
Audio Studio (studio de Steve Albini) parce que notre producteur
voulait vraiment profiter du son de cette salle, avec un son très
proche du live notamment pour les batteries et une hauteur de plafond
incroyable.
En ce qui concerne Soma (studio de John McEntire) c’est bêtement
parce que c’est près de là où on habite,
qu’il nous faisait des prix et surtout qu’il y a beaucoup
de matériel là-bas qui nous intéressait, des
synthétiseurs intéréssants, un bon piano, etc...
On a donc d’abord effectué les prises de son chez Albini
puis fait plus de production chez McEntire avec tous les merveilleux
jouets disponibles pour s’amuser et essayer des choses.
Et vous avez choisi de venir à Chicago comment? Etre chicagoen cela veut dire quelque chose ?
Cayce : On est venu à la base pour suivre des cours à l’université.
Brian : On se connaît tous depuis longtemps, on a grandi ensemble dans le même patelin, St Louis. Au début l’arrivée à Chicago c’était un peu traumatisant, mais c’est forcemment mieux que le St Louis qu’on a quitté. Actuellement on fait partie à part entière de la scène locale de Chicago. On est une communauté de personnes qui partage beaucoup de points de vue et de centre d’intérêts, on se parle, on s’aide les uns les autres…
Robert : Oui mais en même temps c’est plus que juste des groupes qui vivent dans la même ville, c’est aussi des artistes en général qui forment une communauté : artistes visuels, musiciens, performers…ils y a des échanges entre tous ces personnes.
Vous êtes actuellement en tournée en Europe, vous aimez ces longues tournées et jouer live ou bien vous préférez les studios ?
Andy : Jouer des nouvelles chansons avant tout !
Brian : Je pense que je préfère enregistrer en studio, c’est la part à mon sens la plus importante du processus qui consiste à être dans un groupe : écrire des chansons, travailler ensemble, c’est là où on prends le plus de plaisir. Jouer en concert c’est marrant mais…
Andy : Après coup il n’en reste rien.
Brian : Ca fait trois semaines qu’on joue tous les soirs, et les concerts deviennent vraiment prévisibles si tu vois ce que je veux dire, il n’y a plus vraiment de surprise ou d’attente, même si des choses évoluent, d’autres restent les mêmes. Il reste quand même de temps en temps un peu de place à l’expérimentation durant les concerts.
Et pour écrire des nouvelles chansons pendant cette tournée ?
Brian : Non on a pas vraiment le temps d’écrire "sur la route" , on a juste le temps de s’asseoir quelque part pour y jouer un ou deux heures et avec toujours l’impression d’avoir un retard à rattraper. C’est exténuant.
Concernant votre musique, elle est à la fois très originale et fait penser à des tas de styles différents, on se demande donc légitimement quelle musique vous écoutez, celle qui vous a influencé peut être ?
Andy : Personnellement, je ne sais pas trop par quoi j’ai été influencé, j’ai écouté vraiment beaucoup de choses pourries…
Robert : J’ai écouté beaucoup de free jazz, du classique du 20e siecle, de la musique du monde, un peu de « pop », au final sans doute que mes influences viennent de ce que j’ai écouté mais aussi pas mal du cinéma.
Brian : On a des goûts assez différents en fait, il y a bien quelques trucs que nous aimons tous, mais si nous devions nous poser quelque part et choisir un disque on en choisira chacun un de complètement différent.
La présence marquante du piano est assez rare dans le milieu du rock indépendant. Est ce l’arrivée de Andy qui a déclenché quelque chose dans le groupe ?
Robert : Cela a changé beaucoup de chose, presque tout en fait. Cela nous a permis de prendre du recul sur ce qu’on faisait et de se retourner vers les instruments pour saisir les contraintes qu’on peut avoir avec l’un ou l’autre, et ainsi de trouver les moyens pour que ces instruments cohabitent et que cela forme un tout et prenne un sens.
Et le futur immédiat de 90 day men, cela peut ressembler à quoi ?
Andy : On va avant tout faire une pause des concerts. On en a jamais pris jusqu’à présent depuis des années.
Brian : Oui vraiment, arrêter les concerts pour un certain temps, se calmer un peu et voir ce qu’il en reste après. A l’issue de cette pause peut être qu’on écrira des chansons, peut être pas…
Robert : On a vraiment besoin de repos pour un petit moment;
Brian : On va prendre les choses les unes après les autres, on ne planifie plus les choses à l’avance, cela a été assez bizarre pour nous dans le passé donc on veut reprendre notre souffle et repartir d’un nouveau pied et voir ce qu’il en sort.
Plus anecdotiquement, d’où vient le nom du groupe 90 Day Men ?
Brian : Cela vient d’un livre de droit pénal, c’est un terme qui fait référence aux criminels dont on essaie de déterminer s’ils peuvent être jugés non coupables pour des raisons de folie pathologique.
Andy : Faire la différence entre des criminels fous ou juste des criminels, on aime bien l’idée. La période de quatre vingt dix jours est l’observation pour trancher s’ils sont fous ou pas. Cela revient à trier les gens entre fou suspecté et fou prouvé. (rires)
Brian : Quand on a commencé cela voulait dire des choses pour nous, on avait sans doute plus d’idées pour apporter des reflexions à notre musique, mais maintenant c’est juste un nom.
Pour évoquer justement des sujets de société dans l’ère du temps, quelle est votre opinion d’artistes sur le mp3 ?
Brian : Cela ne me dérange pas, si quelqu’un télécharge notre disque et l’aime et le fait écouter à ses amis, peut être qu’une de ses personnes l’achètera ou viendra au concert quand on passe. C’est plutôt un bonne idée, de toutes façons on ne peut pas l’arrêter ou traquer les gens qui le pratiquent.
Robert : Je ne pense pas nécessairement que cela soit une mauvaise chose, je m’en fiche un peu en fait. Moralement c’est pas mon truc, je n’écoute pas de mp3s, au contraire je collectionne les disques. C’est une part de ce que je suis et de ce que je fais, mais si certaines personnes préfèrent collectionner la musique sous une autre forme, cela ne me pose pas de problême, c’est pas mon truc c’est tout..
Que pensez vous des interviews ?
Robert : Parfois c’est dur de raconter certaines choses parce que les gens ont tendance à toujours répéter les mêmes questions et c’est assez frustrant pour nous parce qu’ils ont en général une idée assez triste des questions à poser et des thèmes à aborder.
Brian : La raison pour laquelle les interviews sont intéressantes c’est pour moi de pouvoir rentrer dans le cerveau des gens et voir comment ils fonctionnent, et cela dans les deux sens.
Et enfin la question traditionnelle du webzine, décrire votre musique en trois mots
Brian : Je vois ce que tu veux dire, je n’aime pas les categories comme post-rock, math-rock, indie-rock, un-rock, new-rock... Pour nous on est juste quatre amis qui font de la musique et veulent en profiter. Donc " Try to have a good time".
Andy : "Don’t use your head"
Robert : "Slapstick" (pantalonade au théatre), "Marx Brother Review"