Comédie
dramatique de Rémi De Vos, mise en scène de Éric
Vigner, avec Anne-Marie Cadieux, Marie-France Lambert, Micha
Lescot, Maria de Medeiros, Johanna Nizard, Jutta Johanna et
Jérôme Soulas à l'accordéon.
Dans "Sextett", il
y a sex. Voilà le nœud gordien pour Simon, jeune
homme en pleine crise de déterminisme sexuel et de doute
métaphysico-érotique, qui revient dans la maison
de sa mère - lieu doublement investi - après l'enterrement
de celle-ci tout juste défunte.
Après la perte de la figure de la mère, seul
au monde dans un univers sans homme, Simon commence ce qui,
au 19ème siècle, serait une éducation sentimentale
en s'y trouvant confronté à la féminitude
fantasmée, et/ou projetée, représentée
par d'entreprenantes figures femelles jusqu'à l'espèce
canine, une chienne bien-nommée Walkyrie.
Simon n'est pas un inconnu puisque Rémi De Vos, son
géniteur dramatique, l'a créé pour un premier
opus intitulé "Jusqu’à ce que la mort
nous sépare" qui en faisait le héros d'une
comédie loufoque dont l'intrigue, basée sur le
comique de situation, consistait en une incroyable partie de
cache-cache de l'urne contenant les cendres de sa grand-mère.
Dans ce deuxième épisode, écrit spécialement
pour le comédien Micha Lescot qui était la révélation
du premier, Rémi De Vos, dont
l'écriture percutante jongle habilement avec la confusion
originelle des sentiments et les codes du désir, opte
pour un registre nettement plus noir, sans pour autant exclure
une fantaisie débridée, que Eric
Vigner, son complice et compagnon de route au Théâtre
de Lorient, met en scène de manière virtuose à
la manière Nouvelle Vague dans une contextualisation
pop des années 70.
Dans un rôle-pivot sur mesure, Micha Lescot, corps longiligne
qui se déplace comme s'il était monté sur
roulements à billes et scansion atypique dépourvue
d'affect qualifiée de "post-rohmerienne", réalise
une composition brillante, symbiose parfaite du tragique et
du désopilant.
Pour la partition féminine de cette composition à
six voix, aucune fausse note avec Anne-Marie
Cadieux en future épouse idéale, lisse
et bien sous tous rapports, Maria de Medeiros
et Jutta Johanna Weiss en remarquable
duo lesbien de mélomanes gothiques et mortifères
dont les prénoms ne sont pas seuls à rappeler
protagonistes du film "Qu'est-il arrivé à
Baby Jane ?", Johanna Nizard
en chimérique poupée gonflable entre Barbarella
fetish chic et orientalisme subliminal dont la burga serait
un masque de latex, et Marie-France Lambert
en animal pour le moins attachant. |