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Interview de Chrissy Boy et Lee  (Paris)  21 octobre 2009

En cette fin du mois d'octobre, Madness recevait l'équipe de Froggy's delight dans les salons d'un hôtel parisien. Les 7 membres du groupe n'étaient pas du voyage, mais nous avons été accueilli par Suggs (Chant), Chrissy Boy (Guitare) et Lee (Saxophone).

L'occasion de revenir, avec Chris "Chrissy Boy" Foreman, sur les 30 ans de carrière d'un groupe qui popularisé le ska, a écrit au début des années 80 des tubes sur lesquels nous avons tous dansé, et qui a réalisé avec "Our House" un clip qui reste une référence.

 

 

Vous êtes ici suite à la sortie, il y a quelques mois, de votre dernier album The Liberty of Norton Folgate et la sortie toute récente d'une compilation CD et DVD, Total Madness qui regroupe vos singles et tous vos vidéoclips. Je vous propose donc de commencer par discuter de l'ensemble de la carrière du groupe et des clips qui l'accompagnent.

Chris : D'accord.

Quand vous étiez jeunes, vous faisiez partie de gangs. Comment en vient-t-on d'un gang à former un groupe de musique?

Chris : En fait, dans la rue, on a jamais été dans de véritables gangs. On était surtout des amis, des types qui habitions le même quartier. On avait envie de faire de la musique. Le premier qui a acheté un instrument, c'était Mike, un clavier. Puis Lee, le sax. Moi, j'ai vu une guitare dans un magasin. Et c'est comme ça qu'on a commencé à jouer de la musique, juste pour le fun. Ça s'est fait de manière vraiment naturelle. Mark nous a rejoint à la basse. Puis le chanteur. Ça a l'air facile comme ça, mais ça s'est vraiment passé de cette manière.

Au début de votre carrière, vos concerts avaient la réputation d'être assez violents. Maintenant, c'est à chaque fois la grosse fiesta...

Chris : Non, ce n'était pas violent. Enfin pas à chaque fois. Il y en a eu. Mais c'était déjà plutôt la fête qui dominait.

Quand l'album "Absolutely"  est sorti en 80, on a l'impression qu'il y a un changement au niveau de l'habillement. Sur la pochette du premier album, vous portez tous des fringues différentes, mais ensuite vous avez laissé tomber les polos Fred Perry pour des costumes sombres, les cravates, les chapeaux melon... C'est un choix de votre part ou une stratégie de votre maison de disque pour vous démarquer des autres groupes?

Chris : Sur la pochette de "One Step Beyond" , on portait nos fringues de tous les jours. On n'avait pas de stratégie sur l'image du groupe. On n'a jamais eu personne, à la maison de disque pour nous dire « voilà, je suis votre styliste ». C'était nos fringues. La plupart du temps, on les achetaient d'ailleurs d'occasion, aux « puces ». Il y a en Grande-Bretagne, des magasins comme ça, où on achète des vêtements et l'argent est destiné à de bonnes œuvres. Pour la photo, on avait tous acheté un long manteau noir du même genre dans des fripes. Une fois la photo prise, on les a revendus. C'était du recyclage.

D'après vous, les clips de Madness ont-ils eu une influence sur la manière dont les gens ont perçu le groupe et votre musique ?

Chris : Oui. Bien sûr que oui. Ça s'est surtout ressenti avec le clip de Baggy Trousers dans lequel on voit Lee voler à travers les airs en jouant du saxo. C'était très sympa, et ça nous a donné une image de groupe sympa et rigolo.

Et vous, personnellement, votre clip préféré ?

Chris : C'est sûrement "House of Fun", mais je ne sais pas pourquoi. On filmait plein de choses, et on utilisait presque tout. On a fait de bons clips, d'autres qui le sont un peu moins, mais ce sont tous de bons souvenirs.

Qui a réalisé les petits interludes pour la compilation entre les clips?

Chris : C'est moi. C'était déjà moi, ou Lee, le saxophoniste, qui filmions nos propres clips. Alors on a essayé de faire de petits interludes de présentation avant chaque clip. On s'est bien amusé à le faire, comme pour celui avant "One Step Beyond" , où on nous voit en train de chanter assis dans les escaliers. C'est juste une idée loufoque, mais on a trouvé sympa.

Au début des années 80, Madness était très populaires, mais les Selecter and les Specials étaient considérés comme beaucoup plus sérieux. Est-ce que cette situation a influencé votre écriture pour les albums qui ont suivi "One Step Beyond" ?

Chris : En effet, ils avaient la réputation d'être des groupes plus sérieux, plus engagés, mais ça n'a pas influencé notre façon d 'écrire. En fait, les thèmes de certaines de nos chansons étaient déjà sérieux. Certes notre musique ne se prenait pas au sérieux, mais certains thèmes abordés l'étaient. Par exemple, la chanson « Embarrassment » raconte l'histoire de la sœur de Lee. Elle est blanche, elle a épousé un noir, et ils ont eu un enfant métis. Certains membres de la famille de Lee ne se sentaient pas à l'aise par rapport à cette situation. Ça parle des tensions racistes que ça a engendrées au sein de sa famille. C'est une chanson sérieuse, même si les gens ne l'ont pas perçue comme telle.
Quand on écoute les paroles de "On My Radio", "Missing Word"  des Selecter, ça n'aborde pas ce genre de thème. "Too Much Pressure", c'était plus sérieux. Tout comme "Gangsters"  ou "A Message To You Rudy" des Specials. Tous, on écrivait sur des thèmes qui nous tenaient à cœur, mais eux avaient une image de sérieux. Nous, non. La manière dont les gens percevaient les chansons dépendaient de l'image des groupes. C'était une controverse de l'époque qui n'a pas beaucoup d'intérêt.
En fait, nos paroles parlaient de ce qui se passaient dans nos vies. En plus, il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas qu'un seul auteur au sein de Madness : Lee a écrit de très bonnes paroles, Suggs aussi, sans oublier Mike. Les miennes sont peut-être un peu plus légères.

Votre carrière a connu des hauts et des bas. En 92, vous faites un concert de come-back à Finsbury Park, le premier concert enregistré sur l'échelle de Richter. Vous attendiez-vous à ce que l'accueil du public soit aussi enthousiaste après un silence de six longues années?

Chris : On était séparé depuis 1986, mais il y avait la compilation « Divine Madness » qui venait de sortir. Il y avait eu de la publicité à la télévision, et les chiffres de vente étaient énormes. On savait qu'il y aurait du monde, mais c'était quand même étonnant : 35.000 personnes le premier jour, et le second, rempli pareillement.

Dans les années 90, tous les membres du groupe ont collaboré avec d'autres groupes ou mené des projets parallèles. Pensez-vous que Madness ait influencé la scène "Madchester".

Chris : Non, pas du tout.

A cette période, c'était quand même "Fuck Art, Let's Dance"  (ndlr : slogan de Madness).

Chris : En effet, mais vraiment je ne crois pas que Madness ait eu la moindre influence sur ce mouvement.

Y a-t-il eu, par contre, des groupes des années 90 qui ont influencé Madness pour l'écriture de The Liberty of Norton Folgate.

Chris : Non, non plus. C'est un album pour lequel on a commencé à écrire certaines chansons il y a une dizaine d'années. Des chansons qu'on avait commencées et jamais terminées. Ça a vraiment été un travail du groupe, tous ensemble.

L'album traite de Londres. Avez-vous toujours cette nostalgie romantique de Londres? Parce que le Londres d'aujourd'hui semble être devenue une ville remplie uniquement de banquiers.

Chris : Personnellement, ça fait trois ans que j'ai déménagé pour m'installer à Brighton, au bord de la mer. Un peu au calme, loin de la grande ville. Du groupe, il n'y a plus que Suggs et Mark, notre bassiste, qui y vivent. Suggs a toujours été passionné par l'histoire de Londres, et c'est de là que vient le titre de notre album (ndlr : Norton Folgate est une rue de l'est Londonien qui a eu un statut d'autonomie jusqu'en 1900).
Aujourd'hui, je ne crois pas que je pourrai retourner y vivre. Il n'y a plus l'atmosphère. Beaucoup d'immeubles ont été détruits, remplacés par des Starbucks. Londres, aujourd'hui, ne me manque pas beaucoup. Ce qui me manque le plus, c'est sortir et faire les magasins.

Le mois dernier, vous avez avez joué dans Regent Street. Puisque le second morceau de l'album s'intitule "We are London", est-ce que ce concert a représenté quelque chose de spécial pour vous?

Chris : C'était bizarre à cause du lieu, parce que c'est une rue très commerçante. Mais on a souvent joué à Londres, alors ça n'avait pas de résonance particulière pour nous.

Sur votre site, j'ai vu qu'il y avait un projet de film réalisé par Julian Temple autour de "The Liberty of Norton Folgate". Pouvez-vous nous en dire plus?

Chris : C'est quelque chose qu'on a fait l'année dernière. Le film est maintenant terminé. Il nous a filmés en train de jouer dans un vieux théâtre. C'était bien de travailler avec lui. Par contre, la production du film a été très longue. Il l'avait montré dans quelques festivals, et ça vient d'être diffusé à la télévision britannique. Ça va être en bonus dans une réédition prochaine de l'album. On est content de ce film.

En décembre 2008, vous avez joué à guichet fermé à l'O2 Arena de Londres. Pour décembre 2009, vous préparez votre tournée en Angleterre en décembre. De nombreuses dates sont déjà sold out. Est-ce que ça va être une tradition chez Madness de bourrer l'O2 Arena chaque année?

Chris : Ça fait un moment qu'on tourne à la période de noël. En 1992, après notre retour à Finsbury Park, on avait déjà fait une tournée anglaise pour noël. Maintenant, on le fait chaque année. C'est drôle parce que maintenant on remplit des salles bien plus importantes que lorsqu'on tournait dans les années 80. Pour la tournée à venir, on se produira quand même aussi dans des petites salles.

En mai 2010, vous jouez à Paris au Zénith. Est-ce qu'il y aura des surprises pour le public français?

Chris : On n'a pas encore tout défini, on ne sait même pas pour l'instant qui fera notre première partie. Alors je ne peux pas répondre à cette question.

Je ne peux pas éviter de vous parler de ce qui s'est passé à Rock en Seine. Vous avez remplacé Oasis au pied-levé sur la scène principale. Ça s'est fait très vite.

Chris : On avait joué sur l'autre scène un peu plus tôt. Ça s'était bien passé. On était content de revenir en France. Quand les organisateurs sont venus nous voir, tout s'est joué en 45 minutes. Ils nous ont demandé si on pouvait changer de scène et refaire un concert. Ils nous ont offert une rallonge. De notre côté, on était content de le faire. Ça a été un bon concert.

Est-ce que vous l'avez pris comme une revanche des groupes des années 80, plutôt influencés par les mods, les Kinks, Ray Davies, sur les groupes brit-pop des 90, qui étaient pour leur part plus influencés par les Beatles?

Chris : Oh non, pas du tout. D'abord j'aime beaucoup Oasis. Ils ont écrit énormément de bonnes chansons, parmi lesquelles "Importance of being idle", qui est vraiment sous influence des Kinks, dont la vidéo, en plus, est vraiment bonne, en noir et blanc. Et ensuite, on n'a pas du tout pensé en terme de revanche. Vraiment pas.

En 30 années de carrière, vous avez vu pas mal de choses évoluer dans le milieu musical. Quelles sont pour vous les principales différences par rapport à vos débuts ?

Chris : Le processus pour faire un album n'a pas vraiment changé. Par contre, techniquement, il y a eu d'énormes avancées. Lorsqu'on a débuté, on jouait dans de tout petits studios, on enregistrait sur des 8 pistes. Là, on a enregistré au Toe Rag, un studio où les White Stripes ont aussi enregistré. Les ingénieurs du son y sont excellents. On avait pas mal de chansons à enregistrer. On a commencé à utiliser les ordinateurs, ce qui nous a grandement facilité la vie. Je cherchais des sons à la guitare, et les ingénieurs me disaient « T'inquiètes pas, on va te trouver ça », et ça permettait d'enregistrer vite. On enregistrait par petites séquences. C'est bien de ne pas passer des mois et des mois sur un morceau. Même si on a quand même mis, au final, trois ans pour réaliser cet album.

Est-ce que vous comptez gérer les 30 prochaines années de carrière de Madness comme vous avez géré les 30 premières ?

Chris : Je ne sais pas ce qui va se passer à l'avenir, mais puisqu'on s'est arrêté en 1986 pour ne reprendre qu'en 1992, on ne peut pas vraiment parler de 30 années de carrière.

Et aujourd'hui, qu'est-ce que vous écoutez ? Avez-vous des choses à nous conseiller ?

Chris : Les Arctic Monkeys, que j'aime beaucoup. J'écoute souvent leur dernier album Humbug. Ils ont de très bonnes paroles. Et c'est un groupe qui joue de manière vraiment tendue.
Il y a La Roux que j'aime bien aussi, même si la production est un peu mince. Elle est jeune, mais elle écrit de bonnes choses. Et puis, il y a les Kasabian.
Bien sûr, j'écoute aussi pas mal de vieux trucs... Mais dans la production actuelle, il y a beaucoup de choses excitantes.

 

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En savoir plus :
Le Site Officiel de Madness
Le Myspace de Madness

crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


Laurent Coudol         
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