Comédie
de Alain Ganas d'après le roman de Katarina Mazetti,
mise en scène de Panchika Velez, avec Anne Loiret et
Vincent Winterhalter.
Contrairement à ce que le titre de cette comédie
sentimentale, "Le mec de la tombe d'à côté",
pourrait laisser supposer, il ne s'agit pas d'une rencontre
du 4ème type avec les morts.
Encore qu'il s'agisse d'une rencontre entre deux personnes
qui habitent manifestement sur deux planètes différentes,
à savoir : le fermier plouc et la bibliothécaire
pouet-pouet, et d'un coup de foudre tout aussi incongru, car
survenant dans un cimetière, qu'improbable entre deux
personnes que tout oppose.
Mais il est bien connu que les contraires s'attirent et pour
ces quadras, l'éleveur, vieux garçon comme on
dit encore à la campagne, et la récente veuve
un peu infatuée de son niveau bac +5 et tarabustée
par son horloge biologique, l'amour est dans le pré.
Mais, dans le pré, il y a les vaches qui ne connaissent
pas la signification du mot week end, lui ne veut pas devenir
un gars de la ville et elle, passée les premiers émois,
fait vite une overdose de chlorophylle et de gadoue. Alors qui
de l'amour ?
Alain Ganas a écrit une charmante et réaliste
comédie de sentiment sur le mode d'un flash back composé
de scènes essentielles éclairées et prolongées
par des monologues croisés dont le ton vif et alerte
au verbe très contemporain combine harmonieusement comique,
humour et autodérision.
Dans une scénographie sobre et astucieuse de Claude
Plet, la mise en scène de Panchika
Velez, récemment à l'affiche du Théâtre
de Poche Montparnasse avec "Le journal à quatre
mains", qui dirige deux excellents comédiens, est
suffisamment subtile pour ne pas s'imposer au regard.
Sans forcer le trait pourtant parfois caustique, Anne
Loiret et Vincent Winterhalter
nourrissent leurs personnages d'une vraie humanité et
de ce supplément d'âme qui les rend tous deux aussi
exécrables dans leurs certitudes quand ils campent sur
leur position qu'attendrissants dans leurs fragilités
quand ils doutent de leurs choix.
Ainsi concourent-ils tous à un spectacle accompli toujours,
émouvant parfois, drôle souvent et divertissant
tout en abordant un fait de société. |