A
travers les volutes de fumées, se découpent les
silhouettes singulières de deux acolytes peu recommandables.
Le premier grand corps filiforme, yeux cernés de noir,
allure dégingandé d’un dandy décadent
est Yanowski.
Et le second, le petit calme et malicieux au
piano, c’est Parker qui joue ces mélodies qui vont
rapidement nous emporter dans leur monde fantasmagorique.
On se croirait chez Frankenstein ou au bal des vampires. Des
créatures incroyables sortent d’ici comme d’une
foire : l’enfant à gueule de chien, un singe qui
fume le cigare ou encore des épouvantails qui marchent.
Tout est théâtralisé comme dans un cabaret
berlinois.
Yanowski, en maître de cérémonie nous accueille
dans cet univers qui n’appartient qu’à eux
et qu’on a déjà rejoint dès la première
chanson. Un univers poétique, à la fois céleste
et putride, recelant tant de trésors et d'histoires d'amour
pourtant au fond de tableaux sinistres (mais souvent hilarants).
Alors, utilisant ses bras immenses comme un rapace étendant
ses ailes, il nous capture dans cet univers fantastique qu’on
traverse en rêve, quittant notre fauteuil pour ne le retrouver
qu’aux saluts, le temps que les bras de Yanowski aient
arrêté les minutes comme les aiguilles d’une
bien étrange horloge. |