De nombreux livres commencent par un avertissement en guise de liminaire. En l'occurrence, il en sera fait usage pour la présente chronique relative à "La passagère du France", le dernier roman en date de Bernadette Pécassou-Camebrac, avec - au diable l'avarice, soyons fous - pas moins de 4 recommandations adressées tant aux lecteurs de ladite chronique qu'aux lecteurs potentiels dudit roman afin de les dispenser de toute perte de temps inutile.
1- Ne pas se fier au bandeau rouge qui habille le livre avec une annonce emphatique, "Et le France entra dans la légende", qui peut laisser accroire qu'il s'agit d'un roman sur l'histoire du mythique paquebot.
Car de celui-ci on ne saura pas grand chose de plus que ce qui reste dans l'inconscient collectif (un magnifique transatlantique fleuron de la technologie des années 60 et de symbole de l'art de vivre à la française sur lequel "les femmes élégantes en robe du soir fumaient de longues cigarettes devant des hommes en smoking qui leur souriaient") dès lors qu'il ne sert que de toile de fond édulcorée au roman.
2- Lire impérativement la quatrième de couverture qui, si elle dévoile l'intrigue principale, présente l'avantage de cibler le registre dans lequel oeuvre le roman.
3- Ne pas lire cette chronique si vous êtes amateurs de romances à l'eau de rose car elle déflore en partie la trame du roman mais lire cette chronique si vous n'aimez pas les romances à l'eau de rose afin de ne pas mourir idiot, ou du moins parler sans savoir, et vous conforter dans votre préférence pour Virginie Despentes.
4- Corollaire partiel du précédent, lire impérativement ce livre si vous êtes amateurs de romances et que vous partagez le credo de l'auteur ("La vie c'est aimer. Seul l'amour soulève les montagnes. L'amour, ça sauve de tout") qu'elle révèle à la dernière page.
En l'espèce, "La passagère du France" ressortit du roman sentimental dont l'auteur, qui l'assume totalement, s'inscrit dans la lignée des Delly, Max du Veuzit, Barbara Cartland, Daniele Steel et autres consoeurs même si ses oeuvres n'atteignent pas encore les tirages impressionnants des best sellers de ses consoeurs.
L'héroine de "La passagère du France", roman dédicacé "à tous ceux des chantiers (navals), à tous les marins et les capitaines, à toutes celles qui les ont aimé", est une brave jeune fille de français moyens, un brin idéaliste, pour qui la femme idéale est la comédienne Anouk Aimée telle qu'elle apparaît dans le film "La dolce vita", qui se trouve invitée, en sa qualité de journaliste, à participer à la croisière inaugurale du France.
Un voyage qui, au terme d'événements à la fois inexorablement prévisibles et totalement rocambolesques, est placé non sous le signe du luxe et du calme, mais d'un suspense haletant, initié par ce diablotin de Cupidon, à savoir si la jeune héroïne arrivera, sur un paquebot aussi grand, à retrouver le bel officier ténébreux rencontré dès les premières heures de la traversée et qui est l'homme qui scellera son destin tout en volant au secours, avec l'intervention de Jackie Kennedy, de deux mécaniciens injustement menacés de licenciement pour avoir involontairement effrayé un passager épileptique qui a failli en mourir.
Que les âmes sensibles et émotives se rassurent : après plusieurs chassés-croisés, les deux héros finiront par passer la nuit sous la flamme d'or du petit salon où ils s'étaient rencontrés pour la première fois et "ils crurent en mourir de bonheur".