Françoise Dorin, parolière de chansons de variété dont certaines passées à la postérité, auteur de comédies de boulevard à succès et romancière prolifique à la plume alerte, publie presque régulièrement un roman par an.
Le crû 2009 est constitué par un ensemble de courts textes hétéroclites et éclectiques réunis par le biais du procédé littéraire de la vraie fausse correspondance sous le titre "Les lettres que je n'ai pas envoyées..." qui sont autant de petites missives acidulées truffées d'émotion, d'humeur et d'humour et d'autodérision qui s'enchaînent sans fil rouge apparent.
La lecture de ces textes toujours pétris d'allant, d'optimiste joyeux et d'un enthousiasme certain pour la vie permet de dégager une typologie desdites lettres qui sévissent dans trois registres différents.
D'une part, les lettres "autobiographiques" dans lesquelles François Dorin livre de petites madeleines jamais nostalgiques mais truffées de souvenirs drôles et attendrissants ("Lettre à mon premier bikini", "Lettre à Victor Hugo").
D'autre part, les lettres "introspectives", dont elle se trouve être à la fois l'expéditrice et la destinataire, dont la série des lettres de Paule Sud et de Paule Nord, par lesquelles, au terme d'une diffraction janusienne, "celle qui n'est pas tout à fait moi ni tout à fait une autre" se regarde et s'analyse sans complaisance ni fatuité.
Enfin, les lettres thématiques qui s'apparentent à des billets d'humeur qui composent une petite chronique cocasse sur les mœurs actuelles dans lesquelles, entre autres, elle rend hommage au carnet d'adresses ("Lettre à un survivant") et au bonheur ("Lettre à un mal aimé"), réhabilité le lundi ("Lettre à un mal aimé"), et épingle les travers tant de notre époque que de ses contemporains qu'il s'agisse du botox ("Lettre au général des désarmées par l'âge"), de l'anorexie ("Lettre à une obsédée des calories") ou de lapetite lucarne ("Lettre aux très étoiles filantes de la télévision").
Françoise Dorin, qui est grand-mère et reconnaît, et assume, être une femme d'hier et même d'avant-hier, trempe sa plume dans l'encre de l'écriture classique, qui n'a pas pris une ride, qu'elle colore d'un humour impertinent et de franc-parler. Cela donne un style plaisant et une lecture divertissante.