Comédie philosophique de Yves Laplace d'après Voltaire, mise en scène de Hervé Loichemol, avec François Allaz, Hubertus Biermann, Juan Antonio Crespillo, Anne Durand, Michel Kullmann, William Nadylam, Daniel Perrin et Barbara Tobola.

De "Candide" conte philosophique de Voltaire dont, de l'étude studieuse au lycée, ne demeure souvent que deux expressions passées, plus ou moins bien d'ailleurs, dans le langage courant : "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" et le fameux "cultiver son jardin".

Cela étant, au fond, Voltaire, déiste et rationaliste, y traite d'un paradoxe métaphysique intemporel, qui le préoccupe de manière récurrente, à savoir la coexistence de la bonté divine avec les nombreux malheurs qui s'abattent sur la condition humaine, depuis les souffrances physiques des déshérités aux exactions guerrières en passant par l'esclavage, le fanatisme religieux et autres turpitudes dont l'homme se rend coupable.

Yves Laplace, pour l'adaptation, et Hervé Loichemol, pour la mise en scène, l'ont transposé sur scène sous forme d'une épopée picaresque et burlesque haute en couleurs et en fureur au cours de laquelle le brave Candide, à qui l'excellent William Nadylam insuffle une belle humanité, va perdre ses illusions l'une après l'autre tout en continuant d'espérer grâce à l'ultime et utopique consolation que Dieu à créé, l'amour, en la personne de la belle Cunégonde.

La scénographie à géométrie variable, qui constitue la marque de fabrique de Pierre-André Weitz, trouve ici matière à expansion avec le traitement en tableaux farcesques, et s'avère très présente tout comme la frénésie avec laquelle ces derniers s'enchaînent - tous les comédiens étant au taquet - ce qui, d'une certaine manière, sature le spectateur d'images qui finissent par le distraire du verbe.

Cela étant, ne boudons pas notre plaisir face à une entreprise audacieuse et à un spectacle truculent.