Comédie
dramatique de de Ferenc Molnàr, mise en scène
de Marie Ballet, avec Naidra Ayadi, Olivier Bernaux, Noémie
Develay-Ressiguier, Boutaïna Elfekkak, Matthieu Fayette,
Jean-Christophe Folly, Nelson Rafaëll Madel, Emmanuelle
Ramu et Geoffroy Rondeau.
Tandis que les spectateurs s’installent, un accordéoniste
au balcon donne à la salle un air de fête foraine.
Le cadre de "Liliom" est posé : Julie, une
jeune domestique venue à la fête avec son amie
Marie, après une altercation avec la patronne du manège,
va s’éprendre de Liliom le bonimenteur qui prendra
parti pour elle et quittera son travail.
Mais Liliom au chômage et de plus en plus violent avec
Julie (devenue sa femme), est embarqué dans un mauvais
coup. Après avoir été arrêté
par la police, il se suicide, mais un tribunal céleste
le renvoie sur terre pour rendre des comptes…
La pièce hongroise de Ferenc Molnàr, qui date
de 1909 et dont l’action se situe dans la banlieue de
Budapest, possède un ton particulier à mi-chemin
entre le conte et le drame réaliste. Elle dépeint
aussi un contexte social. Les personnages semblent sous le joug
d’une main invisible, fidèles à eux-mêmes
et incapables d’échapper à leur destin.
La noirceur de l’histoire contraste avec la simplicité
des personnages principaux, leur naïveté et la légèreté
du texte qui nous emmène d’une scène très
réaliste à un univers de plus en plus imaginaire.
La mise en scène de Marie Ballet développe avec
talent cette histoire forte et installe une ambiance onirique
avec peu de décors, le tout autour d’une caravane,
point central de l’errance de Liliom et de Julie, de leur
manque de communication et lieu catalyseur du poids des événements.
L’utilisation judicieuse des images et des silences donne
à l’ensemble un côté irréel.
L’interprétation de qualité nous suspend
à ce drame intemporel dès les premières
minutes. Naidra Ayadi est extraordinaire et illumine cette tragédie
moderne, elle fait évoluer son personnage avec beaucoup
d’intelligence. Jean-Christophe Folly est impressionnant
lui aussi en pauvre type poursuivi par la fatalité ;
sa présence et sa spontanéité le rendent
captivant. Geoffroy Rondeau compose un dandy malin et inquiétant
avec beaucoup de complexité. Boutaïna Elfekkak est
une remarquable Marie, attachante et drôle. Emmanuelle
Ramu et Noémie Develay-Ressiguier, enfin, sont inquiétantes
à souhait.
Une pièce qui nous transporte dans un univers singulier
et nous envoûte d’un bout à l’autre. |