Commuter a eu la lourde charge, en ce samedi de match de foot Irlande-France comptant pour la qualification à la coupe du monde en Afrique du Sud, d'ouvrir cette soirée dont on nous disait qu'elle allait être la dernière occasion de voir T21 sur scène à Paris.
En raison des horaires tendus afin de permettre à T21 de faire un long set, Commuter, artiste venu de Bretagne, rentre sur scène peu de temps après l'ouverture des portes devant une salle qui semble un peu vide.
Debout derrière une table de mixage et un ordinateur, il porte à t-shirt noir sur lequel est inscrit "Man Machine" en référence au mythique album des allemands de Kraftwerk. Son set a commencé sur des ambiances cold, ses compositions résonnaient de sons qui rappelaient les albums Electric Café ou The Mix de Kraftwerk. Au fur et à mesure les rythmes se faisaient plus techno, dans une montée en puissance sonique.
Commuter a brillamment réussi à chauffer la salle pour les groupes suivants. A l'issue de son set, il nous avouera avoir été surpris que des fans de T21 viennent lui dire avoir apprécié sa musique dont les influences sont pourtant clairement plus orientées techno que celles de la tête d'affiche.
C'est sans perdre de temps que les Waiting For Words installent leur matériel, claviers, batterie électronique et vidéo. Tout le set sera accompagné de projections afin de soutenir l'ambiance des morceaux.
Le groupe est emmené par un chanteur charismatique, ZeN, qui n'hésite pas à aller chercher le public.
Derrière ZeN, le groupe se compose de El Lute, qui arrive à fondre sa batterie électronique dans l'ensemble aussi harmonieusement que s'il s'agissait d'une boîte à rythme avec un cœur, et de Mikrotroniks aux claviers, en costume blanc, lunettes rondes et chapeau melon. Le visuel du groupe n'est donc pas oublié, avec la diffusion derrière le groupe de vidéos que n'auraient pas reniées les Buggles.
Ce groupe, qui a déjà bien traîné sa bosse sur les scènes européennes, propose une pop synthétique épique inspirée par les mélodies syncopées des groupes eighties comme Depeche Mode ou Camouflage.
Leur set se composera de morceaux de leur dernier maxi, The Curve, comme l'efficace et sombre "Cause I Do Believe" ou "AMD", hommage explicite à OMD (Orchestral Manoeuvre in the Dark, ou Manoeuvres orchestrales dans le noir comme le disent Sttellla dans leur chanson "Années 80 / Années septante-dix"), mais aussi de morceaux plus anciens, comme "Above the sky" ou "Traveling Man".
C'est avec la reprise de "Photographic" que Waiting For Words clôtureront ce concert, chanson que Depeche Mode avaient d'ailleurs sur leur set list de leur tournée Touring The Angels de 2007.
Les T21, jadis Trisomie 21, groupe culte qui s'était imposé au milieu des années 80 comme une réponse hexagonale à l'electronic body music européenne des Front 242, Cassandra Complex ou Nitzer ebb, en privilégiant un côté sombre et cold wave grâce à des lignes de basse mixées très en avant, montent enfin sur scène.
La salle est peu remplie pour un groupe qui avait pourtant fait salle comble lors de ses derniers passages parisiens. Le foot semble avoir eu raison de la volonté d'un certain nombre de fans de se déplacer, alors que cette date est annoncée comme le dernier concert parisien du groupe lillois.
Mais ceux qui sont là, cheveux poivre et sel pour certains, look gothique pour d'autres, ont pu apprécier un concert sans faute de goût, durant lequel se côtoyaient les morceaux les plus récents "Shakespeare", "The Camp" (taillée pour la scène) ou "Red or Green" et les vieux classiques "Il Se Noît", "La Fête Triste", "Waiting For" ou "Joh'burg".
En raison du peu d'affluence, la proximité avec le groupe permettra que se crée une atmosphère presque intime, où l'émotion était privilégiée par rapport à la puissance des basses et de la guitare de François Pavan. Les frères Lomprez termineront ce concert impeccable par une version de "Another Move", extrait de Works, qui laissera la part belle à l'improvisation.
Si c'était là leur dernier concert parisien, on peut affirmer que les T21 sont sortis par la grande porte. |