Texte
écrit, mise en scène et dit par Claude Guerre.
Rassemblé, le public de la Maison de la Poésie
descend un long escalier, chemine dans le sous-sol, et après
quelques voûtes, pénètre enfin dans la salle
pierreuse. Là, dans cet espace quadrangulaire, il s’installe.
Arrive alors un homme élégant vêtu de noir
qui vient se placer entre deux spectateurs.
Claude Guerre captive dès les premiers mots et on est
vite embarqué avec lui dans ce train de nuit de Bordeaux
à Nîmes, où sa diction épouse le
rythme des rails, où sa voix recrée l’atmosphère
d’un voyage nocturne. Et le périple se poursuit,
sur la route cette fois, mais toujours dans l’obscurité.
Avec pour tout éclairage, dans ce carré entre
les spectateurs qui lui sert de scène, qu’ une
ampoule nue suspendue, dont l’intensité varie et
avec laquelle il joue comme pour mieux mettre en lumière
telle ou telle partie de son récit.
Car c’est bien d’obscurité et de lumière
dont il s’agit. L’obscurité d’un jardin
silencieux au milieu des montagnes du Lubéron. Le jardin
familial rejoint au milieu de la nuit. La mort de la mère
qu’on va accompagner jusqu’à la terre natale.
Et la lumière de la vie qui jaillit de partout, de la
nature formidablement bien décrite, des détails
amusants ou incongrus, de la clarté qui naît de
ce long poème.
L’homme sait comme personne, après les avoir écrites,
transmettre des mots et au travers d’eux des ambiances,
des sensations. Et dire le cheminement d’une âme
bouleversée dont on ne perd pas une miette ; de sa voix
à la fois posée et ardente qui s’insinue
dans l’oreille et le cœur de chaque spectateur. Puis
aussi simplement qu’il est arrivé, il s’en
repart dans l’obscurité.
Un poème déchirant qui parle de la mort d’une
façon incroyablement drôle et vivante, dit par
un phénoménal orateur. |