Spectacle musical conçu par Nathalie Joly, mise en scène de Jacques Verzier, avec Nathalie Joly et Jean-Pierre Gesbert.

Nathalie Joly propose aux amateurs de chanson française, et plus particulièrement de chansons populaires, et aux nostalgiques de la Belle Epoque un spectacle sensible basé sur le répertoire d'Yvette Guilbert qui ressort davantage au récital pour salon ou cabaret que du tour de chant au Divan Japonais.

En effet, si elle évoque cette figure légendaire de Montmartre, qui substitua au beuglant la chanson théâtralisée et qui entretint notamment des relations d'amitié avec le psychanalyste Sigmund Freud, elle n'a pas cherché à reconstituer une soirée au caf-conc' et d'Yvette Guilbert, telle qu'elle fût immortalisée par Toulouse-Lautrec, toupet roux et interminables gants noirs, seuls ces derniers posés sur le piano la rappellent.

Dispensé dans la petite salle désuète, dans le bon sens du terme, du Théâtre de la Vielle Grille qui se prête bien à l'atmosphère du cabaret dans une mise en scène très sobre de Jacques Verzier, ce spectacle revêt le caractère d'un vrai moment d'émotion tant par l'évocation des figures plébéiennes du Paris des années folles dont toute la vie, et le caractère, sont contés le temps d'une chanson que celle des préoccupations légères des petites femmes.

Le titre du spectacle "Je ne sais quoi", repris d'une ligne de "Madame Arthur", la fameuse chanson fétiche de Yvette Guibert qui aujourd'hui encore trotte dans l'inconscient collectif, convient bien au charme pétillant de Nathalie Joly, comédienne-chanteuse au joli minois et à la voix bien timbrée.

Accompagnée au piano, mais aussi dans cette promenade mnésique, par Jean-Pierre Gesbert, comédien-pianiste, dont l'allant et l'humour espiègle intervient en judicieux intermèdes et en contrepoints pour lier couplets réalistes ("La soularde") et chansons légères ("Quand on vous aime comme ça", "Dame Gertrude"), elle se promenant allègrement dans tous les registres, du mélodrame au grivois, qu'elle interprète avec talent.