Drame de de Pedro Calderón de la Barca, mise en scène de William Mesguich, avec Alain Carbonnel, Sophie Carrier, Matthieu Cruciani, Sébastien Desjours, Zbigniew Horoks, William Mesguich et Rebecca Stella.
"La vie est un songe", oeuvre du dramaturge espagnol Calderón, a été publiée en 1636. La trame en est très classique puisqu'elle conte l'histoire de Basyle, roi de Pologne, à qui un oracle prédit que le fils, Sigismond, deviendra un assassin et règnera de manière tyrannique sur le royaume. Le roi déclare donc son fils mort à la naissance, et l'enferme afin de l'empêcher de nuire.
Mais alors que le poids des années pèse sur ses épaules, le Roi Basyle songe à sa succession. Il décide alors de libérer Sigismond, sans que celui-ci ne s'en rende compte, grâce à une potion soporifique, afin de vérifier la prédiction. Or Sigismond se montre violent, il est donc reconduit dans sa geôle durant son sommeil. A son réveil, il confie à son précepteur et gardien, Clothalde, l'aventure qu'il croit avoir rêvée.
La vie est peut-être une illusion, mais il est certain que le théâtre est une illusion de la vie. La scénographie et les lumières de François Marsollier, en faisant appel à la vidéo et à des techniques de miroirs sans tain, illustrent ce propos.
La mise en scène de William Mesguich qui, entre chaque scène fait bouger les décors par les comédiens eux-mêmes à la vue du public, à peine voilée par un rideau, en est tout aussi éloquente.
De même les bruits, les voix parfois amplifiées ou la musique renforcent l'impression que l'ambition affichée est bel et bien d'aller au delà de la simple narration mais de présenter des scènes qui hésitent entre rêve et réalité : La vie n'est-elle qu'une illusion? Peut-on échapper à son destin ?
Les acteurs, malgré la scénographie qui oblige les acteurs à des déplacements parfois périlleux sur une scène encombrée, remplissent leur rôle avec aisance.
Quatre acteurs se remarquent particulièrement : la bien nommée Rebecca Stella dans le rôle d'Etoile, Matthieu Cruciani dans le rôle d'Astolphe, Sophie Carrier dans un rôle à plusieurs facettes, celui de Rosaura, ce qui lui permet de jouer sur des registres divers, et surtout Sébastien Desjours, très dense dans le rôle de Clothalde.
Le public, venu en nombre, a salué les acteurs par de chaleureux applaudissements à la fin de la représentation, montrant ainsi son adhésion à cette pièce, au texte pourtant difficile, du Siècle d'Or espagnol.