Comédie dramatique de Jean-Marie Besset, mise en scène de Gilbert Desveaux, avec Alain Marcel, Laurent Spielvogel, Sylvain Dieuaide et Brice Hillairet.
Paul et Jean-Louis sont tous deux élèves en terminale dans une petite ville du sud de la France. A la fin de l'année scolaire, tous deux partiront continuer leurs études, à Toulouse, ou peut-être à Paris. Quoiqu'il en soit, il quitteront cette petite ville située près du col du Perthus, ce col étroit qui permet de franchir les Pyrénées pour rejoindre l'Espagne.
Mais surtout chacun d'eux coupera le cordon qui le relie à la mère dans un rapport fusionnel. Les pères se sont quant à eux depuis longtemps éloignés de l'épouse et du fils pour vivre d'autres aventures sentimentales, leur présence sert uniquement à préserver les apparences dans une petite ville où les bruits courent vite.
Les relations évoluent entre les deux adolescents. Le coup de foudre de Paul, le littéraire, pour le nouveau-venu Jean-Louis finira par se déclarer après maintes approches sensuelles, durant lesquelles Jean-Louis se laissera indolemment aimer. Durant ce temps, leurs mères aussi deviennent amies; elles se reconnaissent entre elles, ces femmes délaissées qui ont de l'ambition pour leur fils unique.
Or Jean-Louis, pour répondre aux souhaits que sa mère exprime sur son avenir et l'image qu'il doit incarner, repoussera l'amour de Paul. Il ira même jusqu'à violer son ancienne petite amie pour affirmer son rejet de l'homosexualité.
Le texte de Jean-Marie Besset s'intéresse à ce moment de la vie de l'adolescent où la sensualité se découvre et la sexualité s'affirme, où la vie semble pouvoir déboucher sur de nombreux chemins possibles.
La mise en scène de Gilbert Desveaux est sobre et élégante servie par des lumières discrètes et tamisées qui pourtant soulignent les hésitations des personnages. Seul bémol, Gilbert Desveaux semble plus à l'aise dans les scènes sensuelles que dans les circonvolutions du texte sur les questionnements des personnages, scènes durant lesquelles la mise en scène mériterait d'être légèrement plus tendue et énergique.
Alain Marcel et Laurent Spielvogel, travestis, interprètent avec distance et une tendre ironie les rôles de ces mères qui comblent en même temps à l'absence de la figure paternelle et des valeurs qu'elle est censée incarner. On avait d'ailleurs déjà vu Laurent Spielvogel porter la jupe sur l'affiche de son dernier one-man show. Sylvain Dieuaide et Brice Hillairet, respectivement dans les rôles de Jean-Louis et Paul, occupent la scène avec une belle présence et avec élégance malgré leur jeunesse.
Sans tape-à-l'œil, tout en retenue, cette pièce montre à la fois que chacun pourra se résigner ou non à suivre le chemin qu'on a tracé pour lui, et combien il est difficile d'établir un rapport amoureux à l'autre.