Réalisé
par Matt Aselton. Etats Unis. 2010.
Comédie. Avec Paul Dano, Zooey Deschanel, John Goodman,
Edward Asner, Jane Alexander et Robert Stanton.
"Gigantic" est le premier film
de Matt Aselton. On vogue avec tendresse (mais aucune niaiserie)
entre un décalage amoureux de deux êtres rencontrés
dans un magasin le literie, lui vendeur, elle… Elle s’est
endormie dans un lit confortable…
Voilà de quoi raviver quelques souvenirs. N’a-t-il
pas encore réveillé la belle qu’il en est
déjà amoureux… C’est là que
tout commence...
Ce n’est pas vrai que les films d’auteurs soient
des OVNI. Ce qui est vrai par contre c’est que l’on
doit trouver le temps pour les déguster comme on mange
avec délice une glace italienne (les vraies). Et que
cet espace temps est aujourd’hui des plus friables.
Je préfère écrire cela en préambule
pour conjurer le sort. Le cinéma est ainsi fait (la mémoire
trop courte) que l’on oublie aujourd’hui ceux qui
écrivent l’histoire du cinéma de demain
(ce n’est pas seulement la 3D qui y restera gravée
dans le marbre, qu’on se le dise).
Depuis le 6 janvier "Gigantic" est en salles.
Le premier film de Matt Aselton, réalisateur de pub
et diplômé en histoire de l’art. Ce qui veut
bien dire que tous les 'genres' peuvent mener à la mise
en scène sans autre forme de sectarisme.
Donc un film où le cinéma semble se retrouver
dans le battement de cœur humain. Et ça fait du
bien (je pense naturellement à Eric Rohmer, comme cela,
sans raison définie et pourtant !)
Une histoire simple pour des relations qui le sont moins mais
qui naturellement aux vues du réalisateur offrent au
regard du public l’originalité du propos. Brian
Weathersby a 28 ans (Paul Dano), le dernier d’une famille
excentrique (le père grande gueule est collectionneur
d’art au passé trouble) et ses deux grands frères
ont "plus" que réussi dans la vie. Lui le petit
dernier se retrouve vendeur dans un magasin literie. Seul rêve,
adopter un bébé en Chine. Voilà que débarque
un jour dans son magasin la belle Harriet Lolly (Zooey Deschanel)
qui s’endort dans un des lits. Brian tombe amoureux. La
rivalité avec son père ne fait alors que commencer.
Voilà brossé le tableau.
Il vous reste à déguster cette histoire drôle
et surréaliste.
Naturellement comme on peut le percevoir, Matt Aselton en homme
intelligent est conscient de ce qu’il doit à ses
pères 'Je m’intéresse (…) aux histoires
dans lesquels la réalité et l’absurde se
mêlent. Luis Bunuel, David Lynch, Jean-Luc Godard, pour
ne citer qu’eux sont les meilleurs(…) et m’ont
toujours inspiré". On aurait pu trouver pire.
Pour être des plus précis ajoutons Robert Altman
et Hal Ashby complétant la liste.
Une liste de référents qui permet au spectateur
de se faire une idée (par forcément courte) de
ce qui l’attend. Loin d ‘effrayer, le réalisateur
organise notre plaisir en ponctuation, sans lourdeur, la caméra
n’est pas là pour violenter, mais simplement (si
je puis dire) pour accompagner une histoire. On nous prend par
la main et l’extraordinaire devient "jouissif' et
non spectaculaire.
Le talent des comédiens est de se sentir à l’aise
dans l’image, de ne jamais franchir la ligne jaune du
sur joué, à la manière de. Ce qui aurait
pu se faire aisément.
Un film qui vit au même rythme cardiaque que son public.
Croyez-moi ce n’est pas tout les jours que l’on
voit cela.
Tout le plaisir de la comédie est là.
A voir naturellement et à piétiner devant les
salles pour qu’il reste une semaine supplémentaire.
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