Seul en scène écrit et interprété par Josiane Pinson dans une mise en scène de Daniel Berlioux.

"PSYcause(s)". Il y a bien évidemment du Lacan dans ce titre. Josiane Pinson, tantôt dans le rôle de la psychanalyste ou d'un des patients, s'amuse des psychoses, cause des psychanalystes, montre des causes de dysfonctionnements aussi bien chez l'analysé que chez son analyste.

Ce n'est pas non plus un hasard si la première scène montre une patiente qui, durant toute une séance, ne prononce pas le moindre mot; c'est pour mieux se tourner vers la personnalité de la psy, femme en proie à des doutes existentiels et personnage centrale de la pièce. Comment recevoir le message que l'autre exprime, surtout lorsqu'il est en miroir avec ses propres angoisses : la peur de vieillir, la séduction, le rapport à sa mère ou à sa fille... On est ici loin de la neutralité bienveillante, ou de l'écoute flottante.

Pourtant il ne s'agit nullement d'un cours sur les mécanismes de la psyché, même si les étapes de la cure psychanalytique y sont retranscrits avec sérieux, mais bel et bien d'un spectacle drôle, à l'humour souvent noir et mordant. Les patients sont psychotiques, névrosés, délirants. Quant à l'analyste, en plein épisode de crise dans sa vie personnelle, elle fait exploser allègrement les barrières de la déontologie.

Josiane Pinson, par son jeu, ses attitudes et sa diction, installe le public face à l'un ou l'autre de ses personnages sans jamais le perdre. Quant à la mise en scène de Daniel Berlioux, elle est simple mais d'une clarté évidente. Des éclairages discrets, quelques voix-off et l'utilisation d'accessoires, en particulier d'un fauteuil qui se transforme en divan, suffisent à ce que Josiane Pinson jongle avec ses personnages.

Josiane Pinson dépeint ses personnages avec compassion, et s'autorise la moquerie sans pourtant jamais tomber dans le sordide ou la cruauté gratuite. Ce spectacle intelligent, tout en épinglant une société dans laquelle le rapport de l'individu à autrui se construit de plus en plus sur un mode pathologique ou phobique, réussit à faire rire souvent tout en insufflant quelques questionnements bienvenus.