Monologue dramatique écrit, mis en scène et interprété par Carole Thibaut.
Carole Thibaut, comédienne, metteur en scène et auteur, pour laquelle l'oppression, la violence et la condition féminine, sujets de ses premiers opus dramatiques "Avec le couteau le pain" et "Faut-il laisser les vieux pères manger seuls aux comptoirs des bars", constituent des thématiques fondamentales et des enjeux pour le théâtre contemporain.
Avec ce "Fantaisies", titre à double voire triple sens, elle monte au créneau en première ligne pour s'interroger sur la représentation de la femme à un moment de l'histoire de l'humanité où le sexe, le genre, l'identité et le féminin sont au cœur des interrogations sociétales, les mêmes qui par ailleurs, et ce n'est pas le moindre de leurs paradoxes, continuent de véhiculer, par le biais des médias de façon plus subliminale mais non moins asservissante, les codes oppressifs résultant de la pression sociale, culturelle et religieuse.
Spectacle évolutif et à géométrie variable, organisé en modules thématiques, qui ressortit simultanément de l'expérimentation artistique et de la performance, de la mise en abyme et du vagabondage réflexif, il souffle le chaud et le froid en alternant séquences jubilatoires comme le vademecum de la toilette féminine qui doit conduire à la construction de la femme idéale qui le vaut bien, fantasmagorie troublante, avec la femme pétasse, et diatribes contre les dogmes oppressifs qu'ils soient d'origine psychanalytique ou confessionnelle, ainsi le sexe féminin comme béance ouverte sur le néant qui ne cesse de fasciner et d'épouvanter.
Dans une scénographie esthétisante de Yves Cohen et Pierre Lenczner et un beau travail de lumières de Didier Brun, se déroulent d'époustouflants et élégants jeux de miroirs, jeux d'ombres, faux semblants et déconstructions existentielles. Carole Thibaut, excellente comédienne, ose toutes les métamorphoses et les imprécations réflexives avec un radicalisme absolu qui, même s'il est empreint de distanciation et d'humour, ne manque pas d'interpeller.
Longtemps après résonne encore sa voix samplée
qui répète à l'infini et en écho
"Je suis la femme idéale".