Comédie dramatique de Sarah Kane, mise en scène de William Astre, avec Isabelle David, Florence Wagner, Jean-Marc Plat, William Astre, Thibaut Turgy et Marc Dumez.

La pièce de Sarah Kane, auteur anglais dont l’œuvre particulière sulfureuse fit scandale en son temps est un texte hybride puisque pas complètement modernisé : les principaux personnages conservant leurs rang royal. Ecrite au milieu des années 90, elle ne peut être dissociée des "années Thatcher" dont elle traduit l’obscénité.

Transposée ici en France ou ailleurs (la voix des informations, dont Claire Chazal, énonçant des nouvelles toutes plus sordides les unes que les autres), "L’amour de Phèdre" montre un Hippolyte pervers par trop de détresse, et décrit une société à la dérive.

Il faut se rendre à l’évidence : le théâtre de Sarah Kane ne choque plus comme il avait pu le faire à ses débuts. Tout ayant été depuis, maintes et maintes fois repris (et pas forcément avec réussite) dans des créations contemporaines qui se réclamaient de cette veine et se voulaient provocatrices et subversives. En 2010, son théâtre même s’il reste brûlant et efficace, n’a plus l’éclat d’alors.

Monter "L’amour de Phèdre" sans une recréation totale reste alors un peu un coup d’épée dans l’eau, d’autant plus qu’ici la direction d’acteurs, comme c’est souvent le cas malheureusement quand le rôle principal est aux manettes, manque un peu de recul. La mise en scène par contre, inspirée et réussie, sauve vraiment ce spectacle qui, même s’il peut gagner en homogénéité, est conduit par une vision singulière et des idées brillantes.

Coup de chapeau aussi au couple principal : Isabelle David, qui interprète Phèdre, montrant une belle présence et une vaste palette d’interprétation dans toutes ses scènes qui sont de réelles satisfactions. William Astre, quant à lui, accomplit une vraie performance d’acteur, rendant son Hippolyte absolument détestable et cynique, et portant le spectacle de son jeu fort et investi.