Comédie dramatique de Wadji Mouawad, mise en scène de Mylène Bonnet, avec Pierre Ascaride, Sabrina Baldassarra, Philippe Canales, Céline Chéenne, Cyril Hames, Chantal Trichet et Xavier Clion.

Vieux murs à moitié détruits, linge qui sèche sur des fils : l’intérieur d’une famille en temps de guerre, celle des Cromagnons. On prépare les noces de la fille mais très vite on comprend que cette journée sera particulière…

Une des premières pièces, écrite en 1991 (et la première montée à l’époque) de l’auteur reconnu qui triompha dans le "In" du Festival d’Avignon cette année, "Journée de noces chez les Cromagnons" parle de la guerre vécue de l’intérieur (celle du Liban, en l’occurrence, pour Wajdi Mouawad). On peut voir déjà ici toutes les qualités d’auteur de l’auteur de "Littoral" ou "Incendies" et le germe de ce qui fera sa trilogie, le côté burlesque en plus (avec un côté "comédie italienne" des films de Risi par exemple) ajouté à la poésie omniprésente et à une langue magnifique. Le texte, parfois cru, est toujours parcouru d’un souffle épique comme celui qu’on retrouvera dans ses pièces plus connues.

La mise en scène de Mylène Bonnet, rythmée et fluide (qui utilise notamment le balcon de la salle comme coursive) rend bien à la fois le grotesque de cette cérémonie fictive et la douleur d’un pays fissuré. Les personnages sont originaux et bien dessinés. Le père et la mère (Patrick Pairou et Chantal Trichet, excellents) composent un couple truculent, aussi touchants l’un que l'autre. Mais tous les comédiens sont au diapason. Citons quand-même Xavier Clion qui joue un Walter saisissant.

La fin, magistrale et forte, clôt de façon inattendue cette tentative de combattre la guerre par le rêve.

A ne pas rater.