Sans une once d’arrogance mais avec une modestie, très caractéristique, nos cinq Local Natives nous ont servi un live puissant et très prometteur.
C’est qu’ils démarrent hâtivement et très fort. Un seul mot d’ordre : marquer le rythme des mélodies. Des percus de base aux rebords métalliques des toms en passant par les maracas ; tout est prétexte à taper et à balancer dessus afin de pointer au mieux le rythme.
Les chansons s’enchaînent également à une cadence effrénée : le vivace "Wilde Eyes", le vigoureux "Camera Talk", l’irascible "Sun hands"…
Le public comme scié se retient dans ses élucubrations d’onomatopées hystériques. On est là pour écouter et se prendre une claque auditive intense. D’ailleurs, Taylor Rice (voix et guitare) le fait remarquer : "why you're so quiet ?".
C’est alors que telle une urgence pop évidente "Airplanes" est jouée. Le public est alors dans tous ses états.
Passée le cap de l’admiration, la Maroquinerie s’enchante et n’hésite pas à réserver une ovation en plein milieu du show.
Comme élancés par le public, les membres du groupe ne tiennent pas eux-mêmes en place.
On assiste à un jeu de chaises musicales où, tour à tour, chacun prend la place de l’autre sur un instrument.
Alors que Kelcey Ayer (voix, claviers, percussions) empoigne une guitare, Ryan Hahn (guitare et voix) part au clavier et Andy Hamm (basse) épaule Matt Frazier (batterie) en arrêtant tout pour profiter de balancer du tambourin et secouer des maracas.
On peut penser alors que toute la puissance du live réside dans leur cohésion de groupe et dans leur capacité à maîtriser chaque instrument.
Cependant, c’est sans compter les voix qui, malgré la force des rythmes, ne sont tout de même pas en reste.
Les voix des compères se mêlent et s’alignent : d’une part, celle de Kelcey, tout en retenue mais frissonnante, d’autre part celle de Taylor sonnant comme une supplique frénétique sans oublier celle des chœurs toujours exaltés. Cette synergie se révèle sur l’appel brûlant "Who knows who care", l’oppressant "Cards & quarter" et l’excellent "Shape sifter".
Si Gorilla Manor est un album sérieux et très accompli, le live est quant à lui surprenant, pressant et écrasant.
Congratulations. |