Tout d'abord, et sans plus de suspens, sachez que si vous avez raté ce concert, c'était une erreur et je ne peux que souhaiter que d'autres dates soient programmées bientôt, comme par exemple le 16 avril à Bourges.
Ce soir, le Bataclan se remplit relativement tôt et relativement vite. Il faut dire que la soirée affiche complet depuis quelques temps. Mais si la salle est déjà presque pleine alors que la première partie n'est pas encore sur scène, c'est précisément parce que la première partie est très attendue elle aussi.
C'est donc sous d'accueillants applaudissements que le duo Mansfield Tya arrive sur la grande scène du Bataclan, largement encombrée par les nombreux instruments des Fitzcarraldo mais au centre de laquelle trônent une petite batterie et un clavier qui complètent l'attirail de Julia Lanoë et Carla Pallone, également armées de violon, basse et guitare. Et oui, tout cela pour deux. Il faut croire qu'elles sont douées pour la scène, les Mansfield Tya, et elles n'économisent pas leur énergie pour virevolter d'un instrument à l'autre.
Le tout avec des chansons aussi romantiques que punk, la chanteuse étant capable de performances vocales impressionnantes.
La complicité du duo et leur humour feront le reste et la salle entière sera bien vite sous le charme des deux filles. Une première partie parfaitement réussie, malgré leur trac, et une furieuse envie de revoir les Mansfield Tya très vite.
Les conditions sont donc parfaites pour accueillir ensuite les trés attendus Jack the Ripper... ou presque.
Tous les membres du groupe sont en effet présents sur scène sauf bien entendu le chanteur, pour le moment en marge du groupe, cela vaudra donc au groupe ce changement de nom.
Fitzcarraldo Sessions est donc un groupe sans chanteur. Ou plutôt un groupe avec de multiples chanteurs qui ont induit le titre du premier album, We hear voices.
De multiples voix pour remplacer celle du charismatique Arnaud. Et si le plateau s'annonce prestigieux, je pense que nombre d'entre nous espèrent tout de même le voir monter sur scène... mais il n'en sera rien. Décidément, cette chronique ne fait pas dans le suspens.
Passerons alors sur scène quelques pointures venues honorer les chansons superbes des Fitz, toujours d'impeccables et appliqués musiciens à l'enthousiasme communicatif, comme le sourire d'Adrien Rodrigue au violon.
C'est Craig Walker qui ouvre le bal après une introduction instrumentale sur laquelle on découvre d'autres invités, en la personne de Kropol des Têtes Raides au trombone à côté de Aka de Kebnekaïse et de Sonia Cordier au violoncelle, échappée de Suzanne the Man.
Viendront ensuite interpréter les chansons de We Hear Voices, le très attendu Dominique A, Paul Carter (Flotation Toy Warning), Abel Hernandez (El Hijo, Migala) qui saura faire oublier, par sa voix, l'absence de Stuart Staples, Jonathan Morali aka Syd Matters, Phoebe Killdeer et Cléo T, de 21 Love Hotel. Plus tard viendra s'ajouter à ce casting impressionnant Marc Huyghens (Venus, Joy).
Beaucoup de Fitzcarraldo, un brin de Jack The Ripper et aussi des reprises à gogo puisque chaque invité ou presque aura chanté une chanson de son répertoire.
Des artistes venus avec enthousiasme et humilité, comme Dominique A qui s'excuse preque de chanter "La Pleureuse" plutôt qu'un titre des Fitz.
D'autres qui viendront avec un plaisir non feint et sans limite comme Paul Carter qui a visiblement eu l'idée de fêter l'évènement avant qu'il se termine et qui, malgré des musiciens parfaitement en place, aura quelque peu sabordé un titre superbe de son répertoire "Donald Pleasance" en l'interprétant d'une voix un peu trop avinée... Des collaborations superbes qui, sans le faire oublier, ont généreusement remplacé le chanteur charismatique mais irremplaçable du groupe.
Quoi qu'il en soit, difficile de décrire tout ce qu'il s'est passé sur scène. Mais ce qui est certain, c'est que les musiciens étaient heureux d'être là, partageant ensemble un vieux rêve, celui d'être sur la scène du Bataclan entourés d'artistes qu'ils aiment. Et dans une générosité qui dépasse la simple limite d'un concert, les Fitzcarraldo nous ont conviés généreusement à ce moment aussi beau que mythique et symbolique d'un groupe qui, espérons-le, ne s'arrêtera pas à cet album collaboratif.
Un rêve éveillé collectif qui se terminera sur un "Again" avec un Craig Walker au mieux de sa forme et des Fitzcarraldo déchainés. Une soirée parfaite, je vous l'avais dit ! |