Comédie de Anissa Daoud et Lotfi Achour, mise en scène de Lotfi Achour, avec Jawhar Basti, Thierry Blanc, Anissa Daoud, Mahmoud Saïd et Lina Murad.

Dans "Hobb Story", comme pour son précédent spectacle, "La comédie indigène", présentée en 2009 au Studio Casanova d'Ivry qui dynamitait l'iconographie colonialiste, Lotfi Achour, comédien, auteur, metteur en scène et cinéaste, choisit résolument le rire organique comme vecteur de dédramatisation et soupape de décompression pour traiter d'une thématique universelle, l'amour, qui se passionnalise très vite quand en sont abordées ses déclinaisons, de la virginité à l'homosexualité, dans les sociétés arabes et musulmanes érigées en pierres d'achoppement civilisationnelles et socio-culturelles.

Sous forme d'une fiction-documentaire et théâtrale conçue en collaboration avec Anissa Daoud, et à travers un kaléidoscope fictionnel qui vagabonde d'Alger à Beyrouth, il propose une déclinaison "arabisée" de "Sex in the city" composée d'une mosaïque de matériaux fictionnels du témoignage au talk-show en passant par des faits divers et des textes littéraires anciens célébrant l'amour à l'orientale.

Homme d'images et de paroles qui travaille essentiellement sur l'intériorisation et la représentation du discours, il montre - et démontre de manière intelligente et burlesque au sens premier du terme - le décalage entre le discours et la réalité, le dogme officiel et/ou religieux et l'imaginaire collectif, le vécu au quotidien et la télé-réalité, les croyances individuelles et l'appartenance à un corps social ou confessionnel, qui superpose les couches de représentation et occulte, selon lui, une réalité qui est à la fois plus complexe et plus consubstantielle à l'homme quelle que soit les latitudes géographiques.

Sur scène, dans un univers musical original composé par Jawhar Basti qui s'inscrit dans le registre de la chanson arabe actuelle, sont convoqués des personnages archétypaux, incarnés par Jawhar Basti, Thierry Blanc, Anissa Daoud, Mahmoud Saïd et Lina Murad, qui interviennent qui interviennent, avec conviction et justesse, dans des partitions en forme de vignettes parodiques qui incitent le spectateur à adopter une attitude réflexive et critique et à savoir toujours raison garder face aux épouvantails brandis par les partisans de la radicalisation de quelque bord qu'ils soient.

Ce qui n'est la moindre des qualités de ce spectacle qui sait aborder avec humour les sujets graves et gravité les épiphénomènes et mixe judicieusement les différents médias et matériaux.