L’amour d’écrire en direct : les auteurs font leur show réalisé par Marc-Michel Georges, avec les auteurs Nicolas Arnstam, Candice Burgare, Marie-Cécile Davergne et Philippe Renault, le jury Lison Pinet et Ulysse Fellous, l'artiste associé Docteur Duchmoll & Cie, l'artiste invitée Mata Gabin.
L’Amour s’écrit en Mars
Dans la nuit éclairée du quartier de Nation, le monde arrive. 77 rue de Montreuil, Académie Oscar Sisto, du café. On s’embrasse, on se reconnaît, ou on est timide dans son coin, visiblement là pour la première fois. Marc-Michel Georges, souriant, lumineux, accueille, entoure, guide, il est fébrile, élégant. 20 h. 45 : le public entre.
Distribution et concert criard de langues de belles-mères. MMG va et vient, commente, plaisante, parle avec Valentin Bois à la régie son, lumière, vidéo, échange avec les artistes, les auteurs, le jury, reprend avec le chœur des fans “Pour toi je danse, auteur en cadence, les mots dans tous les sens, l’amour d’écrire en direct !”
20 h. 59 alors que ça va commencer, que la salle est pleine, du public arrive encore. On s’active, on déplie des chaises. MMG dit : “Les chaises cassées sont les plus marrantes“ et il s’envole sur la scène en musique avec Rimbaud pour nous chanter un medley de “On n’est pas sérieux quand on dix-sept ans” et du tube de la soirée : “Pour toi je danse, auteur en cadence...” Il est 21 h, Valentin ferme les portes.“Bonjour mes amours !” Tonnerre de langues de belles-mères...”Oui la tradition veut que je vous appelle mes amours !” MMG en impeccable costard cravate salue ses partenaires : Les EAT, le Proscénium.com, Théâtrothèque.com. Il présente le Jury: “Lison Pinet Actrice, auteur, metteur en scène qui va bientôt jouer “Lizo” au Théâtre de Ménilmontant, c’est une fille étonnante!” “Oui, je suis une fille étonnante !” répond Lison. Déferlante de langues de belles-mères... “...et Ulysse Fellous, acteur et lui aussi inventeur de soirées avec textes, écriture, vidéo à Fleury-Mérogis”... Tsunami de langues de belle-mères !
Une douce pénombre envahit la salle. Valentin lance les portraits vidéo des auteurs. NICOLAS ARNSTAM est venu à l’écriture par des petits carnets, des adaptations, il a mis en scène un texte de Philippe Lenglet aux Déchargeurs et sa pièce “Tom porté par le vent” se jouera cet été à Avignon... Oui il dit “se laisser porter par le vent, et par les gens qu’il aime bien provoquer”. PHILIPPE RENAULT trouve que ”le théâtre est un bon médicament”, comédien et scénariste, il nous demande :“Pourquoi ne pas sauter dans le vide et voir ce que ça donne ?”. Une panne technique nous empêche de visionner les deux autres portraits. MMG butine sur l’incident accueilli pas un ram dam de langues de belles-mères. Les quatre auteurs sont maintenant réellement sur scène. “Un petit mot?” suggère MMG... NICOLAS ARNSTAM nous rappelle ”qu’il vaut mieux fermer sa gueule et passer pour un con plutôt que l’ouvrir et ne laisser aucun doute à ce sujet”. MARIE-CÉCILE LAVERGNE : “L’écriture c’est le cœur qui éclate en silence”. PHILIPPE RENAULT “Mon visage rêveur contre le mur du monde, où suis-je allé ? CANDICE BURGARE ; “Célébrons la valse des mots ce soir”...
1° CONSIGNE D’ÉCRITURE : “LES ÉPINES DU CHEMIN”.
Tandis que les auteurs se mettent à l’ouvrage, voici le Docteur Duchmoll (PHILIPPE DOHY, acteur, auteur) “Le seul qui sache tout et qui réponde à toutes vos questions” qui s’amène en fanfare avec ses sbires. Ils vont nous administrer un cours magistral de l’ENA (École Normale Absurde). Aux questions du public : “La vie a-t-elle un sens?”, “Comment vaincre l’enfer ? “ Pourquoi le nez pousse-t-il quand on ment ? ” nos soignants donnent des réponses hilarantes et salutaires. Et tandis qu’on applaudit l’équipe des clowns métaphysiques enturbannée de rouge du Docteur Duchmoll avec : la candide Pépita (FLORENCE BOLUFER), la fiévreuse Ki (CHRISTINE LARIDON), paparazza de service qui mitraille tout, le musicien lunaire et répétitif Dougal (ALEXIS PECHARMAN)... les auteurs lisent leur texte. Des caractères se dessinent : CANDICE danse les mots, NICOLAS, révèle une cruauté sensible, MARIE-CECILE remue de la mémoire vive, et PHILIPPE est tout en finesse de style.
2° CONSIGNE de MMG “qui n’est pas une contrainte mais un inducteur” : “ON N’ÉCRIT BIEN QUE DÉCOIFFÉ”.
Sur un air d’orgue de barbarie qui égrène “Indifférence”, MMG valse une sortie de scène tandis que des images de lui éclairent l’écran. Dialogues d’un fils de Topor et des Deschiens entre les personnages de “MOI”, (MMG macho en Ray ban) et “OUAM”, (MMG en Dulcinée à la longue perruque brune). Ces deux personnages ont l’art d’épouser le fauteuil devant la télé, de s’ennuyer ferme, de “vivre en otarie, pardon en autarcie” avec sous la main camembert, couteau, verre de vin... Désamours du quotidien que le couple affronte en décidant, pour pimenter l’ordinaire, de poser entre MOI et OUAM un oranger à travers les feuilles duquel on devine leurs questionnements intenses touchants et las de vieux couple qui attend que “l’arbre fasse des fleurs”...
MMG nous emporte ensuite vers des horizons plus classiquement poétiques avec les mots chantés de Paul Verlaine qui nous conte un tableau de Watteau : “Que je meure madame si je ne vous décroche une étoile !” Derrière son sourire adolescent, ses coq-à-l’âne et ses pirouettes de saltimbanque, MMG cache un romantique tout en délicatesse et pudeur.
Les auteurs reviennent lire.
MARIE-CÉCILE n’a pas eu le temps de terminer, CANDICE finit son texte par “trouvez le peigne !”, Philippe lui commence par “Une Porsche Arriaga avec dedans une fille complètement blonde...”. Et Nicolas nous régale d’un dialogue entre deux auteurs devant un rideau noir.
3° CONSIGNE (Oulipienne souligne MMG) “LES MOTS VALISE”. Il nous donne quelques exemples “La vieille carne avale un poulet entier” (CARNAVAL). “Marc-Michel sous le choc colla ses lèvres sur les siennes”(CHOCOLAT)...
Et le quatuor d’auteurs part à la recherche des mots-valise en musique, tandis que le Docteur Duchmoll et son Staff, requestionne la salle à partir des questions posées au début, et commente les réponses avec un humour de Collège de Pataphysique. Tandis qu’un spectateur, ovationné par un tohu-bohu de langues de belles-mères conclut que si le nez s’allonge lorsque l’on ment c’est parce que le mensonge est “NEZ FASTE”, MMG bondit sur scène tel Fred Astaire dans un bel élan de claquettes et appelle les auteurs.
NICOLAS nous sert un “orage dedans”, CANDICE se défile. MARIE-CECILE fait un triomphe avec “Laisse Yves !” (mot-valise autobiographique), quant à PHILIPPE il nous confie que ”Paul lit une longue histoire de polisson”.
MMG vante les mérites de la pratique de la contrainte qui permet de mieux capturer l’inspiration lorsqu’elle arrive. Puis il invite sur scène la belle MATA GABIN accompagnée à la guitare qui nous chante une sorte de bossa d’abord très enjouée, puis parlée-chantée, déroule pour nous une ballade qui se balade, douce ou clamée avec rires, snaps et cris modulés... jusqu’à la berceuse. Grand charme et grand talent.
Et finalement MMG donne la DERNIÈRE CONSIGNE avec une amorce de phrase pour chaque auteur : “PENDANT 1 mn 20, STYLO ET FEUILLE EN MAIN L’AUTEUR PARLE L’ÉCRITURE EN LA MIMANT MAIS SANS LA TRACER VRAIMENT”.
MARIE-CÉCILE : “Est-ce que j’ai changé...(1mn
20)... et moi je lui dis à mon avis.”
PHILIPPE “Alors ma petite sentinelle...(1mn 20)... Défais
ta ceinture on va pouvoir commencer.”
CANDICE : “Une rose déjà, on se connaît à peine...(1mn 20)... j’ai peur d’y croire pourtant tu me laisses.”
NICOLAS : “13 heures devant le Quick de Villeneuve St Georges...(1mn 20)... hé salut !”
MMG invite le public à commenter les performances des auteurs. Les réflexions sont constructives, belle écoute, pertinence. Auteurs de dos, le public vote en silence à mains levées et c’est NICOLAS ARNSTAM qui emporte le prix du public. Le jury, lui a choisi PHILIPPE RENAULT tout en offrant de délicieuses friandises en prix de consolation à CANDICE BURGARE et MARIE-CÉCILE DAVERGNE. Un bal termine la soirée. Les vainqueurs se partagent les cadeaux, les fumeurs tchatchent dans la rue, la salle bruisse comme une ruche. Il y a de la passion dans l’air, du rire, des bises, des échanges de cartes, de mails, d’adresses Face book, de téléphones...
Le maestro MMG est toujours aussi souriant. Il peut l’être. Il nous a donné quelque chose d’exceptionnel, un moment privilégié, unique, plein de talents, de plaisirs, de découvertes. Quelque chose de rare et de précieux aujourd’hui.