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puce Brian Wright - Tom McRae
Grand Mix  (Tourcoing)  jeudi 1er avril 2010

J'ai avec Tom McRae une longue histoire personnelle. L'une de ces histoires qui vous fait réaliser un jour qu'un artiste a été prêt de vous, peut-être même l'air de rien, dans les moments qui ont compté. Je l'ai découvert à l'occasion d'une séparation, je l'ai rencontré au commencement d'une autre histoire, ses chansons ont accompagné des nuits, des errances, des heures à attendre, en fumant, à courrir sous la pluie. Depuis son premier album jusqu'à aujourd'hui il y a toujours eu, dans un coin de ma vie, un temps pour Tom McRae, un temps souvent délicieux. L'une de ces relations intimes qui donne à un artiste une valeur inestimable.

Mais j'ai avec Tom McRae une histoire d'amour déçu. Dix ans plus tard, lorsqu'on me parle de lui, je redeviens, chaque fois, l'amoureux blessé, jaloux ; et lui de prendre les traits de l'adultère, qui a trompé mes attentes. Il faut dire que de la grâce de ce You cut her hair qui fut l'objet initial de mon coup de foudre à la pop variétisante d'un All maps welcome que ma plume de chroniqueur déçu avait houspillé avec une véhémence trop entière pour être honnête, je ne peux m'empêcher de penser que la carrière de Tom, sa discographie, ressemblent à une lente mais assurée descente aux enfers du quelconque en art.

Je crois même que ma déception m'avait plusieurs fois poussé à refuser de le voir sur scène pour ses dernières tournées. Mais les meilleures disputes doivent avoir une fin et l'on doit aussi savoir goûter les plaisirs de la réconciliation. L'occasion ? La tournée du nouvel album de l'anglais : The alphabet of Hurricanes. Quand bien même on entendrait la réclame de la tournée sur des radios de grand écoute peu recommandables.

Les années ont passé, Tom a vieilli, un peu, gagné une certaine virilité dans l'allure, qui lui va plutôt bien. Le contraste n'en est que plus marqué avec sa voix, restée pure, d'une jeunesse scandaleuse, d'une expressivité sans exagération mais instantanément émouvante. J'étais tombé amoureux d'un garçon tout juste sorti de l'adolescence, je retrouve un homme, sûr de lui, charmeur sans y penser, qui a gagné en assurance et en humour.

De te revoir, Tom, me chamboulera vite. Tu es quelque chose comme ma madeleine, si tu vois ce que l'on veut faire dire à Proust ; avec toi, ce sont ces années-là qui ressurgissent un peu. Le plaisir de redevenir celui que l'on a été, tout simplement. Prêt à te pardonner tout un mauvais album pour le frisson délicieux d'un seul grand titre de toi, pour les délices d'un seul moment d'extase, à oublier le monde autour de soi.

Mais de notre jeunesse commune, il n'y a ce soir-là que l'illusion. Bien sûr, le spectacle est bien rôdé et je retrouve tous les temps forts qui faisaient mon ravissement, tout ce qui chez toi m'avait charmé : "A & B song", "End of the world News", "Karaoke Soul", "Walking 2 Hawaï" et même ce "Boy with the bubblegun" et sa version rehaussée de rock que tu jouais déjà il y a quelques années, avec son final sans cesse repoussé, et toi qui t'époumones : "you're gonna burn, you're gonna burn".

Tu éviteras You cut her hair, peut-être pour des raisons commerciales, ta pépite ayant été vendue au parfumeur le plus offrant. Mais je m'aperçois qu'entre ces moments là, je m'ennuie un peu, attendant que passent la plupart des titres plus récents, qui pourraient bien avoir le corps mais n'ont pas l'âme.

J'aime retrouver sur scène ton sourire, ta façon discrète de mettre en avant tes musiciens (au point que c'est Brian Wright, ton guitariste, qui a assuré une jolie première partie, défendant les titres de son tout nouveau House on fire), cette réserve un rien amusée que tu as parfois.

Toi, c'est toi que je suis venu voir. Le quintet qui t'accompagne ne m'intéresse pas, ta musique ne m'intéresse peut-être pas non plus – juste vérifier cela : est-ce que je t'aime encore ? J'ai du mal, ce soir-là, à te photographier. Comme l'amant trop pressé, trop bien voulant, mes gestes sont maladroits, je n'ose pas vraiment te regarder en face, j'enchaîne les erreurs. Je me sens impuissant, de trop désirer. Je suis venu te voir, je te vois – et quoi ?

N'est-il pas toujours trop tôt ou trop tard pour celui qu'on a aimé ? Tu auras beau faire chanter "I still love you" à un public manifestement ravi mais parmi lequel on compterait plus de nouvelles conquêtes que d'amateurs des premières heures, je ne serai pas certain, moi, de t'aimer encore. Le vertige des ans n'est pas assez pour moi, Tom, et si tu as tout d'un grand, tes nouvelles directions, trop douces, trop ouvertes, ne me ravissent pas.

Je t'ai trop aimé, moi, pour te suivre plus loin. Il faut savoir rompre, lorsque l'on constate, face à face, que celui que l'on a aimé est devenu quelqu'un d'autre, plutôt que de se déchirer, se jeter au visage les invectives de chroniques déçues qu'hante le plus sombre ressentiment ; plutôt que de reprocher à l'autre d'avoir su évoluer, ce qui est encore, pour mon malheur, à mettre à ton crédit.

Si seulement, Tom, si seulement tu pouvais n'avoir pas tant de succès, si le public pouvait ne pas t'acclamer, chanter avec toi tes chansons. Si tu pouvais vieillir seul et malheureux, me laisser l'espoir que, ta carrière brisée, tu allais regretter celui qui, le premier, t'a aimé, lorsque les plus nombreux se désintéressaient encore de ton chant fragile.

Bonne route, Tom.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

Brian Wright en concert au Grand Mix (jeudi 1er avril 2010) - 2ème

En savoir plus :
Le site officiel de Brian Wright
Le Myspace de Brian Wright
Le site officiel de Tom McRae
Le Myspace de Tom McRae

Crédits photos : Cédric Chort (Toute la série sur Taste of Indie)


Cédric Chort         
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# 22 novembre 2020 : Le Froggy's Nouveau

L'arrivée du Beaujolais nouveau sera moins festive qu'à l'habitude cette année. Qu'à cela ne tienne la nouvelle édition de Froggy's Delight et le replay de la nouvelle Mare Aux Grenouilles est là pour vous tenir chaud ! Voici le programme :

Du côté de la musique :

"Sweet roller" de Al Pride
"After the great storm" et "How beauty holds the hand of sorrow" de Ane Brun
"Bisolaire" de Fredda
"Stillness" de Laetitia Shériff
"Un soir d'été" de Aurore Voilqué Trio
"Warning bell" de Daniel Trakell
"Trip" de Lambchop assortie de la nouvelle émission de Listen in Bed "Lambchop's Trip"
"Glo" de Manuel Bienvenu
"Serpentine prison" de Matt Berninger
"Je ne vous oublierai jamais" de Morgane Imbeaud
"Lockdown care bundle EP" de Nadeah
"Nashville tears" de Rumer

et toujours :
"Pursue a less miserable life" de Saffron Eyes
"Reborn" de Aldo Romano
"Dear mademoiselle" de Astrig Siranossian
"Lignes futures" de Brazzier
"Song machine, season one : Strange timez" de Gorillaz
"Mémoire d'un enfant de 300 000 ans" de Imbert Imbert
"Perspectives & avatars" de Laura Perrudin
"Aux amis qui manquent" la 4eme émission de la saison 2 de Listen In Bed
"Frédéric Chopin" de Roustem Saitkoulov
"Beethoven, un nouveau manifeste" de Simon Zaoui
"Any day now" de The Brooks

Au théâtre at home :
avec les captations vidéo de :
"Douze Hommes en colère" de Reginald Rose
"Phèdre!" par François Gremaud
"La Dame de chez Maxim" de Georges Feydeau
"Comme s'il en pleuvait" de Sébastien Thiéry
"La journée de la jupe" de Jean-Paul Lilenfeld
"Hier est un autre jour" de Sylvain Meyrac et Jean-François Cros
"10 ans de mariage" d'Alil Vardar
"Ils s’aiment" de Pierre Palmade et Muriel Robin
"Le Professeur Rollin se re-rebiffe" de François Rollin
et un malicieux air d'opéra avec "The Opera Locos"

Expositions :

découvrir l'exposition commentée "Soleils Noirs" au Louvre-Lens
en virtuel :
"Miro "Bleu I, Bleu II, Bleu III" au Centre Pompidou
"Gregory Crewdson - An Eclipse of Moths" à la Galerie Templon
voir ou revoir l'exposition "Les costumes font leur show !" au Centre national du costume de scène à Moulins
parcourir les collections de la National Gallery of Denmark à Copenhague
du Palais de Schönbrunn à Vienne
du Museu Imperial de Petropolis au Brésil et en Thaïlande
et du Museum of Contemporary Art à Bangkok
et "Les petites histoires des chansons coquines" du Musée de la Sacem

Cinéma :

at home en steaming gratuit :
"Les bien-aimés" de Christophe Honoré
"L'exercice de l'Etat" de Pierre Schoeller
"Jimmy Rivière" de Teddy Lussi-Modeste
"Peur de rien" de Danielle Arbid
"The Bookshop" de Isabel Coixet

Lecture avec :

"Lire les morts" de Jacob Ross
"La mer sans étoiles" de Erin Morgenstern
"Les filles mortes ne sont pas aussi jolies" de Elizabeth Little
"Batailles" de Isabelle Davion & Béatrice Heuser
"De Gaulle et les communistes" de Henri Christian Giraud
et toujours :
"Histoire politique de la roue" de Raphael Meltz
"Inépuisables" de Vivian Gornick
"Kudos" de Rachel Cusk
"Se cacher pour l'hiver" de Sarah St-Vincent
"Histoire navale de la seconde guerre mondiale" de Craig L. Symonds

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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