Pièces
brèves de Dario Fo, Franca Rame mise en scène
Stuart Seide avec Sébastien Amblard, Chloé André,
Anne Frèches, Jonathan Heckel, Anna Lien et Caroline
Mounier.
Composé de trois pièces courtes de Dario
Fo et Franca Rame, "Alice
et cetera" propose trois visions de la femme et
de ses rapports avec les hommes dans des pièces drôles
mais au fond acerbe et satirique.
Au départ, une Alice à trois visages dans "Alice
au pays sans merveilles", qui se trouve projetée
dans un univers irréel entre dessin animé et conte
fantastique. Stuart Seide s’appuie sur le travail choral
pour dépeindre une Alice démultipliée,
symbole de la femme moderne confrontée à la société
de consommation et en proie à ses fantasmes.
Cette première partie est surprenante, amusante, un
peu longue parfois mais incontestablement envoûtante.
Elle donne le ton du spectacle et les trois Alice serviront
de fil rouge avec des apparitions incongrues ou des passages
hilarants (notamment grâce à la désopilante
Anne Frèches), donnant au spectacle un entrain et une
légèreté supplémentaire.
Le deuxième texte, sur la recherche d’identité,
d’une femme qui vit une journée extraordinaire
("Je rentre à la maison")
est interprété par Sébastien
Amblard, révélant dans une prestation fascinante
(qui n’est pas sans rappeler le personnage d’Agrado
dans "Tout sur ma mère" de Pedro Almodovar)
à travers un humour ravageur, toute la complexité
et la détresse de ce personnage. Il est formidable. Et
c’est sans doute le partie la plus réussie car
sur le fil tout du long.
C’est le célèbre "Couple
ouvert à deux battants" qui clôt le
tout. Revisité par Stuart Seide dans une version vaudevillesque
où Caroline Mounier (Antonia)
mène la danse avec un bel abattage, une finesse de jeu
et une jolie voix grave. Quelle énergie ! Le règlement
de compte à l’intérieur du couple devenant
un jeu de massacre jubilatoire.
C’est donc à un spectacle éclatant, où
rythme et humour distillent un texte incisif et dévastateur,
qu’on assiste. Le tout, bien mené et brillamment
interprété (par des comédiens tous issus
de l’école professionnelle de la région
Nord-Pas-de-Calais (EPSAD) et mis en valeur par une belle scénographie
signée Philippe Marioge (des panneaux verticaux bariolés
modulables).
Une réussite qui réserve son lot de surprises
dont un final très "explosif". |