Comédie
de Jean-Claude Carrière, mise en scène de Bernard
Murat, avec Jean-Pierre Marielle, Audrey Dana, Manu Payet, Roger
Dumas, Hubert Saint Macary et Kym Thiriot.
Trois acteurs, un homme d'âge mûr, une belle jeune femme habituée
à courir les casting, et un jeune homme qui vient pour la première
fois à une audition se retrouvent dans une pièce et attendent
d'être appelés avec l'espoir de décrocher un rôle. Or le débutant
n'a pas de texte. Les deux autres se moquent de lui, lui donnent
des conseils, lui expliquent le métier d'acteur...
Heureusement qu'il y a les acteurs dans cette pièce ! Manu Payet, en jeune débutant, est tout à fait convaincant pour son premier rôle sur scène face à d'autres comédiens à qui il doit donner la réplique, d'autant qu'il est au centre du dispositif de la pièce. Audrey Dana, l'actrice du film de Philippe Lioret, "Welcome", avec Vincent Lindon, est aussi à l'aise sur les planches que devant la caméra. Roger Dumas, Molière du meilleur second rôle en 2006 et vieil habitué des mises en scène de Bernard Murat, semble s'amuser lors de quelques courtes incursions sur la scène, déguisé en diable. Et surtout Jean-Pierre Marielle, en pleine forme, la voix profonde, prêt à jouer avec le public. Jean-Pierre Marielle qui avait d'ailleurs déjà interprété le savoureux texte de Jean-Claude Carrière, "Les mots et la chose".
Mais la mise en scène de Bernard Murat est statique. Hormis des lumières rouges lorsque le diable rentre en scène, et une lourde porte en fer qui claque lorsque le directeur de casting ou son assistante, juges des comédiens qui aspirent à obtenir un rôle, entrent ou sortent de la scène, il n'y a guère de trouvailles pour tenir le spectateur en alerte. Mais surtout le texte de Jean-Claude Carrière se perd dans des digressions sans intérêt qui cassent le rythme de la pièce. On songe au film "Je hais les acteurs" de Gérard Krawczyck, ou à certains films de Bernard Blier qui introduit des délires oniriques dans l'évolution de l'intrigue mais parfois sans réussir à emmener le spectateur dans son délire.
On comprend que Jean-Claude Carrière aime les comédiens, et salue le courage, l'obstination, le désir de jouer de tous ceux qui embrassent cette carrière, qui devront se battre quelque soit leur âge, leur expérience, leur sexe ou leur notoriété. Il est dommage qu'il n'arrive pas à en convaincre les spectateurs. Au final, il reste l'impression de moments de grâce trop fugitifs avec de beaux numéros d'acteurs, malheureusement sous-employés. |