Réalisé
par Jacques Doillon. France. Comédie dramatique. Durée : 1h40. (Sortie le 21 avril 2010).
Avec Pascal Greggory,
Julie Depardieu, Louis
Garrel, Agathe Bonitzer et
Louis-Do de Lencquesaing.
Rares sont les cinéastes français qui ont fait œuvre depuis les années 1970.
Jacques Doillon, vaille que vaille,
est de ce cercle très fermé des réalisateurs qui ont à l’heure
actif plus de trente films. Même si on l’a injustement taxé
d’intellectualisme, Doillon n’a pas cessé, pour le meilleur
et parfois pour le pire, de tourner des films radicaux dans
leur diversité, ne ressemblant qu’à lui-même et à ses appétits
du moment.
Adaptant Goethe ou Sarraute, s’attachant à l’enfance et à ce
moment délicat où l’on en sort, on l’a connu pratiquant le "trafic
de sentiments", aimant les personnages en pleine hystérie amoureuse,
et donnant aux acteurs des rôles qui ont compté dans leurs filmographies,
comme ce face à face improbable de Pierre Dux et de Zouc dans
"Monsieur Abel".
Aujourd’hui, apaisé, bien qu’un peu abandonné par ceux qui n’avaient que son nom à la bouche, ce sexagénaire, qui ressemble toujours à un adolescent timide, donne la part belle aux mots et aux corps.
Si l’on vient sans préjugés, on aimera ce ""Mariage à trois". On y découvrira le plaisir d’un cinéaste à filmer des acteurs en liberté dans la lumière experte de "Caroline Champetier.
Il faut pardonner à Doillon les quelques préciosités, sans lesquelles, d’ailleurs, son marivaudage n’en serait pas un, et puis dire quelque chose qui l’étonnerait peut-être, lui qui n’a jamais croulé sous les récompenses : Doillon est un maître et un pas un petit. La cinquième décennie derrière une caméra qu’il va bientôt aborder devrait le prouver avec évidence. |