Réalisé par Raya Martin. Philippines. Drame. Durée : 1h17. (Sortie le 21 avril 2010) Avec Tetchie Agbayani, Sid Lucero, Alessandra da Rossi et Mika Aguilos.
On se plaint trop souvent du formatage du cinéma actuel, même dans la catégorie dite "art et essai", pour ne pas signaler l’apparition d’un jeune cinéaste surdoué qui, d’emblée, fait un cinéma qui se distingue de tout ce qui le précédait.
À 26 ans, le Philippin Raya Martin a déjà tourné une dizaine de films où il accumule les partis pris esthétiques, non pour se singulariser à tout prix, mais pour s’exprimer comme il l’entend.
Ceux qui se risqueront à "Indepencia", troisième volet d’un triptyque consacré aux malheurs coloniaux des Philippines, tour à tour sous le joug espagnol, américain et japonais, seront subjugués par ce qu’ils trouveront sur l’écran. Il est fort possible qu’ils se demandent alors s’ils sont en train d’assister à une projection où s’ils sont en train de rêver.
Car le cinéma de Raya Martin est comme un songe où les éléments d’irréalité voisinent avec un détail soudain d’une vérité criante.
Dans quelques films, on saura si Raya Martin s’enferme dans son système (tournage comme au temps du muet, décors stylisés, bande-son réduite à quelques bruits signifiants) ou s’il est capable de le renouveler. Pour l’heure, "Indepenci"a est une leçon d’indépendance d’esprit, un objet filmique pas commun qui réussit son coup magistralement : faire naître la nation philippine au cinéma.