Réalisé
par Mike Newell. Etats Unis. Aventure.
Durée : 2h06. (Sortie 25 mai 2010). Avec Jake
Gyllenhaal, Gemma Arterton, Ben Kingsley et Alfred
Molina.
En quelques années, des dizaines de jeux vidéo sont devenus
des films. La récente recrudescence des films en relief 3D a
encore amplifié le mouvement Certaines adaptations, comme celles
de "Max Payne," "Mortal Kombat" et "Lara Croft-Tomb Raider",
ont été de gros succès.
L'opinion commune est de considérer avec mépris ces films qui
"déclinent" des jeux. On leur reproche leur infantilisme et
surtout une paresse scénarique qui se caractérise par la multiplication
jusqu'à l'ennui de combats à peine démarqués de ceux pratiqués
sur les consoles.
C'est donc avec un barda d'a priori que l'on se rend dans la salle qui projette "Prince of Persia", adaptation d'un des jeux préférés des adolescents.
Et pourtant dès les premières scènes, le cinéphile le plus
retors aux consoles de jeux est rassuré, et même conquis : en
découvrant les Perses à la conquête d'Alamut, il retrouve l'ambiance
"Mille et une Nuits" de ces petits films hollywoodiens des années
cinquante où, dans un technicolor surcoloré, on pouvait suivre
les aventures de Simbad, d'Ali Baba, d'Omar Kayyam ou du Voleur
de Bagdad. D'alleurs, la scène liminaire de "Prince of Persia"
est une citation presque plan-plan d'une version anglaise du
"Voleur de Bagdad."
Sa visite dans la série B kitsch hollywoodienne ne fait alors que commencer. Bien entendu, il comprendra, dès que son crâne luisant et ses moustaches noires surgiront, que Ben Kingsley va jouer les traîtres. La princesse Tamina lui rappellera les bayadères en robe de mousseline qui mettaient en émoi ses homologues boutonneux des années cinquante. Quant au héros, le prince Dastan, il a les traits musclés et la conviction d'un Jake Gyllenhaal, acteur qui n'a rien à envier à un Tony Curtis ou un Cornel Wilde.
Contrairement à bien des films d'aventure récents, "Pirate des Caraïbes" en tête, "Prince of Persia" a aussi une grande qualité : il ne joue jamais sur ce fameux côté second degré qui règne sans partage dans le genre depuis les aventures surfaites du professeur Indiana Jones. Il n'est cependant pas sans humour : le personnage d'Alfred Molina, brigand organisant des courses d’autruche, et se battant contre les impôts, ramène lui aussi à la tradition du compagnon excentrique nécessaire au bon équilibre du héros…
Évidemment, "Prince of Persia" souffre quand même de ses origines : à la différence des films "Mille et une Nuits" des années cinquante, il dépasse les 80 minutes et doit, pour respecter son cahier des charges de jeu vidéo devenu film, multiplier des combats filmés de manière souvent répétitive.
Cette réserve ne devrait pas dissuader l"amateur de grand spectacle qui trouvera son compte dans ce film qui, malgré ses origines de jeu vidéo, emprunte paradoxalement la voie royale et éternelle du film d'aventures. |