Réalisé
par John Schlesinger. France. Thriller.
Durée : 2h05. (Sortie DVD 26 mai 2010). Thriller. Avec
Dustin Hoffman, Laurence
Olivier, Roy Scheider, William
Devane, Marthe Keller, Fritz
Weaver, Richard Bright, Marc
Lawrence, Allen Joseph et Tito
Goya.
Si le DVD permet de voir et de revoir l'essentiel de la production mondiale, il a pour inconvénient de rendre plus difficile le nécessaire étalonnage des valeurs.
Il faut donc remercier les distributeurs qui prennent désormais le risque de ressortir les films qui leur semblent marquants.
C'est le cas de "Marathon Man" qui, plus de trente-trois ans après sa sortie, apparaît avec évidence comme un film qui a fait date et qui mérite toujours d'être mis en avant.
Tiré d'un livre à succès de William Goldman, "Marathon Man "pouvait, en 1976, apparaître comme un simple film de genre donnant définitivement ses galons de star à Dustin Hoffman et le propulsant vers un cinéma plus populaire genre "Kramer contre Kramer" ou "Tootsie".
En le revoyant hors contexte, on est frappé d'abord par la réalisation de John Schlesinger. Cinéaste exigeant, faisant partie de ces "jeunes hommes en colère", qui au début des années soixante, avaient tenté de créer ce cinéma anglais que Truffaut disait introuvable, Schlesinger avait déjà fait tourner Dustin Hoffman dans son premier film américain, "Macadam Cowboy".
Mais il s'agissait d'un film "labélisé" film d'auteur, traitant d'un sujet encore tabou, l'homosexualité. Avec "Marathon Man", Schlesinger réalise son premier film vraiment de genre, un thriller angoissant qu'on pouvait commodément qualifier d'hitchockien. En fait, il participe surtout au passage d'une génération d'auteurs vers un cinéma grand public en compagnie des nouveaux acteurs hollywoodiens. À la même époque, Polanski tournera "Chinatown" avec Jack Nicholson, Scorcese s'imposera avec "Taxi Driver" et Robert de Niro.
"Marathon Man" inaugure un autre champ pour le cinéma américain:
celui qui va mener à l'hyper-violence actuelle. Même aujourd'hui,
les spectateurs frémissent quand l'ex-nazi Laurence
Olivier "charcute" les dents d'Hoffman ou quand Roy
Schreider est victime d'un étranglement très réaliste.
"Marathon Man", c'est surtout la première utilisation des "fantômes" du nazisme dans un thriller américain*. L'hallucinante marche de Laurence Olivier dans le quartier des diamantaires où il est reconnu par des survivants de l'holocauste est un contrepoint diurne à la course folle de Dustin Hoffmann poursuivi dans la nuit new-yorkaise. Double morceau de bravoure avant une scène finale entre l'acteur shakespearien et le tenant de l'actor’studio qui, elle aussi, a conservé intacte toute sa force.
Ceux qui reverront "Marathon Man" s'en voudront certainement de l'avoir sous-estimé à l'époque en n'y voyant qu'un film d'acteurs s'affrontant dans une intrigue compliquée. Ceux qui le découvriront y liront une œuvre de premier plan, pleine de la violence du cinéma contemporain et annonçant des thématiques mémorielles largement traitées depuis. |