Seul en scène adapté du roman éponyme de Virginie Despentes interprété par Salima Boutebal dans une mise en scène de Cécile Backès.

"King Kong Théorie" est un pamphlet (post)féministe, l'essai autobiographique de Virginie Despentes. Ce texte, éloge de la virilisation des femmes, brûlot scandaleux qui oscille entre indécence et incandescence, est d'une oralité franche et sans concession. Sans travestissement du propos malgré quelques coupes franches, ce "King Kong Théorie" livre toute la saveur - amère, âpre - et le ton - tour à tour acerbe, sarcastique et pétillant - de l'auteure.

Sur le plateau, un micro à pied et un canapé couvert de quelques coussins roses et criards, intérieur féminin qui hésite entre la sobriété et le goût douteux. Salima Boutebal arrive par la salle, va s'installer sur scène où elle restera seule, accompagnée par une bande sonore qui mélange Eartha Kitt au riot grrrl (punk rock féministe), évoquant les femmes "qui en ont", celles qui évoluent dans les milieux qu'on dit masculins. Elle porte du "rouge trop rouge", un manteau à longs poils, une perruque blond peroxydé.

Entre le camp et la parodie, elle incarne la femme, les femmes, prend la pose, minaude, se reprend, joue à l'homme. Elle passe du micro au canapé pour raconter une histoire ou déclamer un texte qu'elle fait sien, texte au propos dérangeant, volontairement, et ambitieusement destructeur - même si les passages sur la prostitution et le porno ont été supprimés.

Franche-tireuse, drôle, révoltée et parfois émouvante, Salima Boutebal est d'une grande exactitude, que ce soit dans les parties les plus intimes du texte ou dans son aspect vindicatif, revendicatif, éminemment politique. Elle nous secoue le cerveau, nous remue les tripes, jouant sur les frontières troubles entre vulgarité et grossièreté.