Comédie de Eugène Durif, mise en scène de Beppe Navello, avec Xavier Berlioz, Lorenzo Charoy, Maria Alberta Navello et Karelle Prugnaud.
"Dette d'amour d'Eugène Durif résulte d'une commande faite par le metteur en scène Beppe Navello, lui-même missionné par la Biennale Teatro di Venezia pour monter une spectacle contextualisé inspiré de l'oeuvre de Carlo Goldoni dont l'Italie a fêté le tri-centenaire de la naissance en 2007, projet aujourd'hui finalisé et présenté en création nationale à la 10ème édition du Festival Teatro a Corte de Turin.
Eugène Durif a habilement contourné, avec sans doute une dérision au second degré, cette trame imposée en traitant, par le fameux procédé de la mise en abyme, des affres de l'écriture théâtrale que connaît un dramaturge qui a accepté d'écrire un texte pour un spectacle contextualisé inspiré d'une oeuvre de Goldoni...
Sur scène, quatre acteurs jouent l'auteur à la gésine laborieuse (Xavier Berlioz), le metteur en scène impatient malgré sa bonne volonté de mettre en chantier un work in progress (Lorenzo Cheroy) et deux actrices dont l'une est l'ex-femme de l'auteur (Karelle Prugnaud ) et l'autre rêve du premier rôle (Maria Alberta Navello). Inutile de gloser sur la suite : la grande famille du théâtre, comme la famille de sang, connaît tensions et règlements de compte surtout quand les acteurs pratiquent la confusion des genres entre métier et vie privée.
Beppe Navello met en scène avec sobriété un texte-patchwork, constitué, entre autres, de couplets chantés, de l'évocation de la rivalité Goldoni-Molière, d'une scène de ménage, d'exercices de gymnastique et d'évocations cinéphiliques - dont la scène culte de "Le mépris" de Jean-Luc Godard - qui montre au spectateur l'envers du décor et, surtout, que chaque spectacle relève quasiment du miracle.