Spectacle de cirque théâtralisé initié par Christian Taquet, mise en scène de Kazuyoshi Kushida, Mauricio Celedon et Karelle Prugnaud, avec Michel Arias, Christophe Carrasco, Sylvaine Charrier, Charlotte De La Bretèque, Osmar De Souza, Philine Dalmann, Elske Van Gelder, Stéphane Dutournier, Laure Sérié, Jouni Ihalainen et Christer Pettersen.

Christian Taquet, initiateur du "nouveau cirque" terminologie aujourd'hui trentenaire à laquelle il préfère celle de "cirque de création", a impulsé un spectacle de "cirque théatralisé" basé sur la contextualisation de la satire politico-sociale opérée dans "L'opéra du gueux", œuvre d’un dramaturge anglais du 18ème siècle John Gay, qui inspira à Brecht "L’opéra de quat’sous" et qui avait donné lieu à une adaptation mémorable par Rainer Werner Fassbinder avec la troupe de l’Antiteater.

Afin d’en proposer au public une vision plurielle, il en a confié l'élaboration à un triumvirat de metteurs en scène composé du sexagénaire japonais Kazuyoshi Kushida, chantre du kabuki contemporain, du quinquagénaire chilien Mauricio Celedon fondateur du Teatro del Silencio pour un théâtre du geste et de l’émotion, et la jeune artiste multi-tâches française Karelle Prugnaud, acrobate, danseuse, actrice, performeuse et chanteuse, qui ont travaillé sur des partitions musicales originales différentes.

Trois actes donc pour un spectacle de "cirque de création" dont la part circassienne est portion congrue, une miette de funambulisme, un laborieux exercice de sangles, un numéro de tissu aérien avec un rideau de fils emberlificotés, mais un joli moment de grâce avec au cerceau aérien Sylvaine Charrier, transfuge du Cirque Plume, noyé dans un ensemble de pirouettes, cavalcades et corps à corps frénétiques dont les effets sont, comme dans la bonne vieille tradition circassienne, lourdement soulignés, les roulements de tambour à main étant remplacés par ceux de la batterie.

Par ailleurs, le traitement scénographique et iconographique des bas fonds et des désordres du monde comporte, et ce quel que soit le metteur en scène, plus d’emprunts que de création et le spectateur retrouvera ses marques avec, successivement, le cirque de kermesse, le cirque pompier et le cirque de Gay Pride obédience Village People.

Quel cirque, en effet !