Festival FNAC Indétendances 2010 (vendredi 30 juillet 2010)
Nouvel R - Rocé - Casey - Beat Assailant
(Paris, Parvis de l'Hôtel de Ville) vendredi 30 juillet 2010
Encore une belle journée ensoleillée (trop tard pour l'ami Ricoré néanmoins, l'heure du petit-déjeuner est encore loin) pour ce troisième rendez-vous de l'été avec le festival Fnac Indétendances.
Un programme totalement différent de la semaine précédente, représentativité et diversité obligent.
Ce vendredi, la soirée était donc consacrée au hip hop et au rap avec un plateau éclectique et international avec au programme Nouvel R, Rocé, Casey et Beat Assailant.
Ce n'est pas encore la grande foule sur le parvis de l'Hôtel de ville lorsque Nouvel R arrive sur scène mais c'est quand même plusieurs centaines de personnes qui sont déjà là pour accueillir cette nouvelle génération de rappeurs, à mi-chemin entre la poésie et le second degré de IAM et la rugosité agressive de NTM. Le groupe est avant tout connu pour avoir eu un de ces clips tourné par Kourtrajmé et qui avait en son temps défrayé la chronique puisqu'il y était question d'extrémisme religieux, qui fait toujours couler autant d'encre que de sang et de vilaine bile.
Ceci dit, les 4 chanteurs de Nouvel R sont plutôt bons sur scène, tout comme le bassiste et le DJ dont les habillages sonores sont rehaussés d'un human beat box pas mal du tout même si les basses sont un peu forcées pour accentuer le côté spectaculaire de la beat box au détriment du côté humain.
Les textes sont bien entendu très "militants", anti tout par principe et pessimiste par réalisme, mais sont assez bien tournés et sans devoir être lettré pour les comprendre, il faut leur reconnaitre une certaine qualité d'écriture qui fait trop souvent défaut dans le rap au profit de l'énergie et de la haine.
Crânes rasés et t-shirts noirs, Nouvel R a de quoi, sinon faire peur, attirer l'attention du public sur une scène qu'ils occupent remarquablement bien notamment les 4 MC mais également le bassiste et le human beatbox qui font un véritable marathon en courant dans tous les coins, sans pour autant éviter les poncifs du genre.
Mains en l'air qui s'agitent façon Lucky Cat des boutiques asiatiques (ou tribune de supporters du PSG au choix, dont pas mal de maillots trainaient sur les épaules d'un public ultra éclectique), jeu de jambes et de bras appris directement dans le manuel du parfait rappeur... Tout y est et ces Eminem français ont de quoi plaire et n'auraient pas à rougir si, par chance, ils arrivaient à percer dans le milieu, trop rempli de tout et n'importe quoi, comme le soulignera d'ailleurs plus tard Casey.
Nouvel R, on aime ou on n'aime pas mais force est de reconnaitre que les gars ont du style et leurs chansons une certaine profondeur (sans aller jusqu'à poésie, quoi que...) et je ne saurais que trop conseiller aux amateurs du genre (mais aussi au néophyte qui ne saurait trop par quoi commencer) de découvrir leur album intitulé, avec l'humour qu'ils ne manquent pas d'avoir, Tout Va Bien. Frissons garantis.
Pas de frisson en attendant sous le soleil le deuxième groupe de la soirée en la personne de Rocé. Mais avant de voir apparaitre Rocé sur scène, le public est chauffé quelque minutes par son DJ et son bassiste. Rocé débarque enfin, l'air de rien, un peu en vacances, coiffé d'un étrange chapeau "Nature & Découvertes" collection castor junior, et attaque un set attendu par les connaisseurs rassemblés sur la place, ce soir.
Rocé se veut poète et déclame ses textes sur une musique plutôt convenue pour qui a enregistré avec quelques grands du jazz comme Archie Shepp ou de la pop musique comme Gonzalez. Ca rappe classique, ça rappe bien mais le feu ne prend pas (pour tout le monde).
A peine une petite flamme vite soufflée par quelques textes pas si inspirés que ce que l'on aurait voulu sur la sempiternelle perte des valeurs du peuples français, les gentils dont nous sommes, les méchants qui nous gouvernent...
Evidemment, on ne peut qu'être d'accord avec Rocé, on ne peut que soutenir son discours mais avouons quand même une petite déception. Non pas parce que ce n'était pas bien, mais seulement parce que ce n'était pas à la hauteur de nos espérances vis-à-vis de celui qui dit de lui-même : "J’aime les expériences, la témérité artistique, même s’il y a plus fou que moi. J’aime emprunter plusieurs chemins différents. Dans le futur, mes prochains albums pourraient être punk, ska, rock’n’roll, qui sait…".
Petite déception donc mais un public chauffé à blanc qui accueillera comme il se doit Casey. Accompagné d'un DJ et d'un chanteur, Casey ne mettra pas longtemps à s'imposer sur la grande scène de l'Hôtel de Ville.
Dans son grand survêtement, elle bouge sans cesse et déclame ses textes contre les mauvais rappeurs et les chanteurs de variétés, ses textes sur les colonies et les esclaves qu'elle a pour ancêtres, la vie, la mort, à peine l'amour.
Casey est, tout comme avec Zone Libre dans un registre bien différent, ce que l'on peut appeler une bête de scène, un charisme impressionnant, un capital sympathie au beau fixe, beaucoup d'humour, toujours le sourire. La meilleure façon de faire entrer dans nos petites têtes ses mots que l'on devine choisis avec précision et beaucoup de conviction.
Bien sûr, encore une fois on regrettera la présence d'un seul DJ pour accompagner Casey, tellement mieux mise en valeur au sein de Zone Libre, mais bien évidemment cela n'est qu'une histoire de goût et je le confesse volontiers, je suis plus sensible au rock qu'au DJ set hip hop.
Timing serré oblige, Casey ne pourra pas faire de rappel au grand dam du public qui le fait savoir par quelques puissants hurlements.
Mais bien évidemment, la place de l'Hôtel de Ville est désormais archi bondée pour l'arrivée sur scène de Beat Assailant et de son équipe de musiciens foutraques pour une toute petite heure de concert (hé oui, ça se couche tôt le parisien) intense et, disons-le tout de go, totalement jouissive.
Je ne vais pas redire tout le bien que j'avais dit de Beat Assailant (beau gosse aux allures d'ado de la côte ouest) et de son groupe lors du Printemps de Bourges mais entre les musiciens incroyables (notamment la section de cuivres), le chanteur parfait en maître de cérémonie et la belle et sautillante choriste, chanteuse et bassiste Janice, les compositions du groupe sont vraiment mises en valeur entremêlant avec classe et espièglerie, le jazz et le hip hop, la pop et le rap.
Le set sera semblable à celui de Bourges mais en nettement plus court (je vous ai déjà dit que le parisien se couche tôt ?).
Cela n'empêchera pas Beat Assailant de réussir l'exploit de faire danser tout le parvis de l'Hôtel de Ville mais aussi, encore plus fort, de faire assoir instantanément tous les spectateurs et les faire relever au rythme de la musique. Comme quoi, un public bien mené est toujours un bon public.
Et les Beat Assailant ne s'y trompe pas et seront tout sourire durant le concert, complices entre eux autant qu'avec le public. Une vraie occasion d'utiliser l'expression "Un pur moment de bonheur" qui donne vraiment le sourire et l'envie de pleurer de joie tellement ce groupe et ses morceaux ultra entrainants donnent la pêche et apportent de la bonne humeur.
A part une petite faute de goût de quelques minutes pendant lesquelles le groupe est parti dans un medley de quelques uns de ses tubes, démarche louable pour faire plaisir au fan mais qui, au final, aurait sans doute préféré un seul vrai titre en entier, le concert était encore une fois irréprochable et "Crash the party" en final a fini de mettre le public en joie.
Public qui aura bien du mal à partir ensuite réclamant en vain un rappel bien mérité mais qui ne viendra pas... Dommage, il est à peine 22h, il fait beau, les gens sont heureux... Qu'à cela ne tienne, il reste encore quelques soirées au festival Indétendances pour encore donner du plaisir aux gens. N'empêche que cela va être difficile de passer derrière Beat Assailant, qui aurait été parfait pour terminer le festival. Une soirée encore une fois plutôt réussie pour qui aura su apprécier le genre, et qui a réuni une fois de plus un public toujours plus nombreux, varié, curieux et souriant. Une réussite en soi.
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
Beaucoup de choses à découvrir encore cette semaine en attendant la MAG#91 vendredi. Du théâtre, du cinéma, de la lecture et de la musique au programme, et toujours le replay de la MAG#90...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.