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Virginie Despentes  (Editions Grasset)  août 2010

Autant l'annoncer tout de go, "Apocalypse bébé", le dernier opus en date de Virginie Despentes, toujours bien inspirée pour les titres, décevra ceux qui avaient été scotchés par l'écriture brute, en état d'urgence, et le style fracassant de ses premiers opus qui dynamitaient le genre naturaliste, combinant violence rageuse et eau de rose en y instillant du bon sentiment, notamment l'amour, comme levier subversif.

En effet, dans ce roman qui pèse près de 350 pages, les accès fiévreux et les analyses d'une fulgurance décapante qui portaient sa prose de jeunesse sont portion congrue.

A côté de sa vision de la littérature contemporaine et de ses happy few ("une industrie un peu plus bête que les autres", "le règne des crasseux, des incultes et des publicistes plébiscités par leurs pairs"), elle habille pour l'hiver les gens du 16ème arrondissement parisien ("Si les français dépensent tant d'argent en Russie en Roumanie ou en Thaïlande ce n'est pas uniquement pour baiser des petits culs d'adolescents sans que ça se sache. Les français ont besoin de voir des pauvres qui ne les insultent pas"), ceux récemment promus people avec "leur ravissement idiot de bébés tortues gambadant gauchement sur le sable, convaincus qu'ils atteindront la mer sous une ciel de rapaces sournois"…

Et les catalans ("Quand je réfléchis, leur histoire de catalan, c'est un peu comme si moi et deux amis de Noisy-le-Grand on décidait que l'Etat français nous a opprimés depuis que nos grands parents sont arrivés en France et qu'on a absolument besoin de subventions pour parler le banlieusard" tout en envoyant leurs enfants dans une école privée pour être sûr qu'ils apprennent une vraie langue.

Mais aussi, incontournable, via la parole d'un jeune beur du 9-3, la subculture des banlieues est taillée à l'emporte-pièce ("le hip-hop à un euro douze" des renois devenus "des bouffeurs de merde à même le cul des blancs, prêts à jouer des abdos pour n'importe quelle caméra télé"), comme le voile et l'Islam ("L'islam moderne, cette connerie de bicots en France", "Et celles qui mettent des foulards ne valent pas mieux que les autres. Elles friment tout ce qu'elles veulent à la sortie des écoles, la bande à Dark Vador, jamais ça ne fera d'elles de bonnes croyantes").

Quant au côté sex-trash, il se limite à une digression anecdotique sur les moeurs cubitales des lesbiennes barcelonaises qui, à l'heure de l'ego-show permanent sponsorisé par les médias qui érode tout, ne constitue plus une découverte que pour l'ermite taoiste.

Pour le reste, Virginie Despentes puise dans une thématique contemporaine, celle de la psychopathologie pubertaire, thème essoré par la beat generation qui revient à la mode et à l'actualité parce que l'implosion des chers bambins se double d'une violente déflagration collatérale.

Elle se penche sur la disparition d'une adolescente autodestructrice, punkette des beaux quartiers qui se vautre dans le sexe, l'alcool et la drogue, symbole du mal de vivre de la jeunesse dorée pourrie par l'argent mais en manque de l'amour d'un père narcissique, écrivain sans talent autre que celui de courir le jupon, et d'une mère qui a fui le domicile conjugal peu après sa naissance.

Cela sous la forme d'une enquête privée diligentée par la famille et menée par une mollassonne enquêtrice peu affûtée, et surtout glandeuse atavique, et une franc-tireuse de haut vol doublée d'une espionne-exécutrice des basses œuvres, avatar de Wonderwoman et génitrice spirituelle de la Lisbeth de Millenium, surnommée La Hyène.

Bien évidemment, cette disparition est une fugue vers cette mère égocentrique, beur qui a renié ses origines banlieusardes et son appartenance à une minorité visible en France pour, forte d'une devise de fer ("Ne jamais coucher en dessous de soi, condition première du respect de sa féminité"), se refaire en Espagne, qui banalise sa carnation, une virginité et une honorabilité avec un riche mariage.

Avant un dénouement explosif au sens premier du terme, sur toile de fond danbrownien, le périple quelque peu fastidieux Paris-Barcelone se déroule au gré d'étapes chapitrées du nom des principaux protagonistes dont est brossé le portrait et qui sont autant d'incursions archétypales, voire de clichés, dans certains champs sociaux.

"Il n'y a pas si longtemps de ça, j'avais encore trente ans. Tout pouvait arriver." Ainsi commence ce roman présenté comme un road-roman dans lequel se glisse un poil d'autofiction. Comme son héroïne, Virginie Despentes a découvert à 35 ans l'homosexualité en Ibérie dans le milieu transgenre avec la philosophe queer Beatriz Preciado dont le physique lui a sans doute inspiré celui de La Hyène.

Née en 1969, Virginie Despentes semble peiner à trouver un nouveau souffle, celui de la maturité. Car, à l'image la pseudo-héroïne narratrice de ce roman, elle doit négocier le difficile virage de la nostalgie de l'adolescence qui sourdait déjà dans son roman précédent "Bye Bye Blondie".

Alors, "Baise-moi", "Les jolies choses", "Les chiennes savantes"… nostalgie quand tu nous tiens…

 

MM         
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