Seul en scène de Gauthier Fourcade mis en scène par Marc Gélas.
Gauthier Fourcade, le comique cosmique comme l'a joliment, et fort justement, titré Marie Audran dans son article paru dans le magazine Le Point, dispense à la Manufacture des Abesses sa trilogie autofictionnelle qui, à l'instar du "Roman d'un acteur" de Philippe Caubère mais dans un registre métaphysico-humoristique, dévoile le parcours d'un l'homme que les mots et la vie interpelle à tout instant.
Entre "Le coeur sur la main", où le Pierrot, qui était parti de Boue à Sie, s'est retrouvé la tête dans les étoiles pour raconter, à sa manière, la genèse et "Le secret du temps plié", placé sous notamment sous le signe d'une vie en désordre et de la réflexion sur le temps, "Si j'étais un arbre", qui n'est pas un exercice de cours de théâtre "expérimental" vintage seventies mais une déclinaison du portrait chinois, aborde la quête de soi au temps heureux de l'amour partagé.
L'amour pour sa mère, avec le joli épisode des larmes de sa mère quittant l'Algérie, pour son épouse, à qui ce spectacle est dédié, et même à ce fils qui souffre d'un lourd handicap, il est né américain et s'empiffre de hamburgers.
La quête de soi s'impose pour celui qui, à l'issue du premier épisode, veut être ici mais a la tête ailleurs. Il part donc à la recherche de ce véhicule si mystérieux qu'est la tête, pour se rassembler, être présent au monde réel, mais également au sens métaphorique de l'origine, de son essence et de ses racines en s'élevant dans les cimes d'un arbre télescopique et devenu généalogique pour atteindre l'infini et l'infiniment petit, la cellule.
Gauthier Fourcade, résolument empathique et, mine de rien, doté d'un réel pouvoir subjugant au travers d'un délicieux personnage, qui l'accompagne comme son ombre, y développe, toujours avec une subtile jonglerie textuelle devossienne, ses thèmes de prédilection qui trouveront leur plein aboutissement dans "Le secret du temps plié".
Mis en scène par Marc Gelas, ce seul en scène ressortit au stand up, étiquette purement formelle au demeurant tant le spectacle proposé s'apparente davantage à un voyage dans un imaginaire poétique toujours ancré dans les grandes questions fondamentales, et philosophiques qui agitent l'homme. |