"Mainstream", littéralement : le courant principal. Patrice a choisi d’y naviguer depuis six albums, glissant dans chacun d’entre eux de belles pépites qu’il faut savoir débusquer.
Le reggae-ragga-variété du chanteur-compositeur allemand est loin de l’indigeste, précisons-le : sur le premier tiers de One, les arrangements sont plutôt construits avec goût, la production (très pop anglaise, sans doute la patte du producteur Tom Elmhirst, qui travailla avec Amy Winehouse) ne dégouline pas. On est ravi de voir une chanson comme "Kingfish", notamment, ne jamais tomber dans la démesure, et rester une petite bombe de R&B minimaliste jusqu’au bout.
Les choses se gâtent un peu au milieu du disque. "Nothing better", par exemple, est lassante dès la première écoute (et beaucoup plus réussie toute nue sur la session Froggy’s Delight !). Disons qu’on se sent, à cet endroit de l’album, comme devant une série américaine que l’on aime généralement, mais dont on sent que les scénaristes ont été fénéants pendant ces quatre ou cinq épisodes.
Si l’album Nile (2005) était le "Médium" de Patrice (jamais décevant, toujours inventif), si Free-Patri-Action (2008) était, de son propre aveu, son "Lost" (boursoufflé d’idées, trop de choses), One serait donc sa saison 2 de "24 Heures" : démarrage en trombe, milieu poussif, fin réussie.
Il FAUT quand même s’intéresser à ce disque pour sa pépite : le morceau d’ouverture, "The maker", téléchargeable gratuitement sur son site. Production incroyable (la section de cordes de Gorillas exploitée au mieux), chant sur le fil à la fois virtuose et bouleversant. Une merveille, et je pèse mes mots. Je n’ai pas entendu un aussi beau Slow-qui-tue (catégorie où "This is a man’s world" est reine) depuis... This is a man’s world.
Le monde où Gossip et U2 sont les rois du monde est angoissant. Celui où Patrice et Gnarls Barkley sont des références populaires est, lui, plutôt rassurant. Le problème, c’est que les deux coexistent. On ne peut pas faire confiance au grand public : contrairement à l’adage, si, "des millions de gens peuvent avoir tort". Heureusement, sur ce coup-là (en comptant sur un succès assez probable de One), on n’est pas trop mal loti. |