Comédie de Eric Assous, mise en scène de Jean-Luc Moreau, avec Roland Giraud, Maaïke Jansen, Patrick Guillemin, Elisa Servier, Zoé bruneau, Arthur Fenwick, Jean Franco et Jean-Yves Roan.
Avant même que le spectacle ne commence, on est séduit par l'accueil souriant dans ce magnifique Théâtre du Palais Royal. Un vendeur de programmes qui menace de se jeter du balcon si personne ne l'appelle met déjà le public de bonne humeur.
Eric Assous a écrit plusieurs pièces qui ont connu un beau succès ces dernières saisons : "Les belles-soeurs", "Les hommes préfèrent mentir" ou encore "L'illusion conjugale". On se souvient que, dans ces pièces, les relations au sein du couple ou de la famille étaient décrites avec finesse, et les non-dits en disaient parfois autant que les échanges au fleuret moucheté entre les personnages.
De la part de Jean-Luc Moreau, on s'attend à ce que la mise en scène, à défaut d'être audacieuse, soit solide et virevoltante dans le style du théâtre de boulevard qui lui sied si bien.
A l'ouverture du rideau on découvre le dispositif de scène : un bureau, un plateau surélevé, des rayonnages de bibliothèque qui coulissent. L'espace est malicieusement compartimenté pour permettre aux comédiens d'aller et de venir, de traverser le plateau, d'offrir à la pièce un rythme soutenu sans gêner le jeu.
A l'évidence, "Le technicien" a été taillée pour le couple Maaike Jansen / Roland Giraud. Une éditrice (Maaike Jansen) reçoit la visite impromptue de son ancien mari (Roland Giraud) qui l'a abandonné vingt-cinq années auparavant. Jadis golden boy à la réussite insolente, il revient ruiné pour quémander un travail. Afin de se venger, son ex-femme l'engage comme technicien de surface. Or, dans ses nouvelles fonctions, il ne tardera pas à découvrir que le futur mari (Patrick Guillemin) de sa désormais patronne a une aventure avec la secrétaire de celle-ci (Zoé Bruneau). Il essaiera alors de tirer avantage de la situation.
Eric Assous déçoit en proposant un texte qui manque cette fois de subtilité. Il privilégie le comique de situation aux traits d'esprit, alors que sa plume sait pourtant très bien se faire acerbe. Tout en respectant les codes classiques du théâtre de boulevard, les rebondissements sont trop abracadabrantesques pour emporter vraiment l'adhésion. Si le milieu de l'édition et le liens entre les personnages fait songer à la pièce de Ray Cooney et John Chapman, "Tout le plaisir est pour nous", qui se jouait la saison dernière au Théâtre Rive Gauche, on n'en retrouve malheureusement pas tout le pétillement.
La direction d'acteurs s'adapte au texte, c'est à dire qu'ils sont chargés d'appuyer les effets. On ne peut pas être déçu par Roland Giraud, acteur comique parmi les plus populaires et les plus sympathiques. On est content de retrouver Patrick Guillemin, dont la silhouette massive a été remarquée plus souvent au cinéma et à la télévision que sur les planches d'un théâtre ces dernières années. Maaike Jansen, Elisa Servier et Zoé Bruneau sont toutes trois de belles comédiennes de trois générations différentes. Mais c'est au final Jean Franco, dans le rôle d'un lecteur (forcément) homosexuel, qui montre le plus gros pouvoir comique puisque, sans trop en faire, il parvient à déclencher le sourire à chaque apparition.
Même si l'hilarité n'est pas à son comble, le public rit beaucoup et les applaudissements se prolongent bien après que le rideau soit retombé. Un spectacle distrayant qui ravira sans aucun doute les amateurs de théâtre de boulevard malgré ses lourdeurs. |