Spectacle écrit par la Compagnie Eclats Rémanence, mise en scène de Jean-Noël Dahan, avec Guillaume Claysse, Françoise Cousin, Jean-Yves Duparc et Christine Gagnepain.
La scène est nue. Quatre personnages, quatre échecs, un groupe de parole.
Gérard (Jean-Yves Duparc), qui a sacrifié sa jeunesse pour préparer le concours de l'École Normale Supérieure, se considère après son échec au concours comme coupé du monde, inapte à l'aborder sans le disséquer, ne s'autorise pas à éprouver des sentiments. Il décide d'affronter cet espace inconnu en devenant acteur.
Corinne (Françoise Cousin), peine à s'intégrer à n'importe quel groupe. Trop entière, elle se heurte aux compromis de la vie sociale. Elle finit souvent comme "intégrateur négatif" lorsqu'elle se mêle aux autres. Elle finit par s'isoler totalement.
Antoine (Guillaume Clayssen) est un jeune avocat ambitieux. Lors de sa première grosse affaire, il conseille à son client de plaider coupable. Or son client se sent déjà jugé par son avocat, ne le supporte et se suicide. Antoine perd la reconnaissance de son entourage professionnel. Mais il décide alors de faire des efforts de compassion envers autrui.
Camille (Christine Gagnepain), enchaîne les échecs amoureux. C'est par le biais de l'analyse qu'elle apprendra à dépasser sa quête de l'idéal, à s'accepter et à accepter les autres.
Ce spectacle, qui traite de quatre parcours d'échecs assez universels (déboires sentimentaux, revers professionnels...) pour que le spectateur puisse trouver des résonances avec son expérience propre, s'intéresse d'abord à la stratégie mise en place pour d'abord accepter cet échec, vivre avec l'expérience de l'échec pour enfin en tirer un bénéfice. Malgré son thème, cette pièce se révèle donc plutôt optimiste. L'échec s'aborde d'abord sous l'angle du regard d'autrui et c'est cet aspect que chacun se doit de dépasser pour continuer à avancer.
La mise en scène de Jean-Noël Dahan est tendue, mais laisse les histoires des uns et des autres s'installer et se dérouler. Le plateau nu, hormis quelques chaises, laisse une grande liberté aux corps pour s'exprimer. Si tous les acteurs jouent avec beaucoup de naturel, c'est Jean-Yves Duparc qui étonne par l'émotion qu'il transmet, sans pourtant appuyer son jeu.
Cette "Chute en hauteur" conçue par la Compagnie Eclats Rémanence invite le spectateur à s'interroger sur ses propres désirs, ses manques, ce qu'il peut gagner à échouer et comment la remise en question peut dynamiser son parcours de vie.
Une pièce bienvenue en une période plutôt maussade. |