Réalisé
par Thor Freudenthal. Etats-Unis. Comédie.
Durée : 1h34. (Sortie 27 octobre 2010). Avec Zachary Gordon, Chloé Moretz, Steve Zahn, Rachael Harris et Robert Capron.
Le film de collège est en soi un genre du cinéma américain. On parle de "Teen movies" et personne n’a oublié le sommet du genre constitué par la trilogie triviale "American Pie".
Le "Journal d’un dégonflé" s’inscrit dans cette descendance mais, au lieu de s’intéresser aux adolescents en âge de quitter le collège pour l’université et titillés par les affres de la puberté, le film de Thor Freudenthal s’occupe des plus jeunes, ceux qui entrent au collège.
On sera donc préservé des pires grossiéretés et de la logique scatologique pour partager les peurs d’un petit bonhomme sur la première marche qui le mènera à l’âge adulte.
Adaptation d’une bande dessinée de Jeff Kinney, Le "Journal d’un dégonflé" traite de la même tranche d’âge que le "Petit Nicolas". Mais, malgré ce qu’en pensent certains, on n’est pas ici devant un sous-"Petit Nicolas", car, contrairement au film tiré de l’oeuvre de Sempé et de Goscinny, le "Journal d’un dégonflé" cherche à incarner ses personnages, à leur donner une épaisseur cinématographique, même si bien sûr, on évolue parmi les clichés propres à une petite communauté enfantine (la chipie, le copain rondouillard...).
Autre différence avec le film de Laurent Tirard, on n’est pas ici devant une espèce de nostalgie du bon temps de la pré-adolescence en milieu favorisé. Au contraire, la problématique du héros est de savoir s’il faut jouer le jeu ou pas, s’intégrer ou rester en marge, accepter les premières règles sociales ou tout faire pour les éviter. Il y a derrière les gags une petite gravité qui s’installe. Le héros principal, et ce n’est sans doute pas un hasard, a un côté Charlie Brown. On est face à un enfant précoce que personne ne voit comme tel et qui multiplie les catastrophes, en navrant un entourage familial plus nigaud que méchant.
Sans avoir la radicalité du film de Todd Solondz, "Bienvenue dans l’âge ingrat" qui suivait les malheurs cette fois-ci d’une pré-jeune fille, le "Journal d’un dégonflé" alertera ceux qui flirtent avec la douzaine d’années sur les risques de grandir et surtout de se jeter sans réfléchir dans l’adolescence.
Cerise sur le cheesecake, le film s’amuse à intercaler ça et là les dessins originaux de Jeff Kinney dans des animations qui donnent envie d’en savoir un peu plus sur ce dessinateur qui paraît avoir dépassé le stade pipicaca de Zep, le papa de Titeuf.
Un film amusant, tendre, et pas bête sur l’enfance, qui devrait plaire à la fois aux faux adultes et aux enfants qui n’auront pas perdu le fil de leur enfance en fréquentant trop les vrais... |