Après avoir un peu perdu de vue Mice Parade depuis leur album éponyme de 2007, c'est avec une joie non feinte que nous empressons d'aller découvrir leur nouvel album What It Means To Be Left-Handed, sur la scène du Café de la Danse, en ce dimanche soir qui n'a pour seul défaut que de proposer au même moment Ray Davies sur la scène de l'Olympia.
Mais qu'importe, le Café de la Danse est correctement rempli malgré tout, d'autant que le plateau est des plus intéressants. En effet, si on met de côté la mise en bouche impromptu du guitariste de Mice Parade, il y avait également au programme ce soir là Silje Nes (prononcez Silliness) et Laetitia Sadier, tous les trois terminant ensemble une petites tournées européennes de quelques semaines.
Accompagnée d'un batteur multi instrumentiste et d'un violoniste, la belle Silje Nes commence la soirée et c'est dans un silence feutré et respectueux que le trio offre sa folk suave et mélodique.
Difficile, néanmoins, d'imaginer que la demoiselle sera suivie de la déferlante sonore de Mice Parade, tant on semble confronté à un univers musical totalement différent. Ceci dit, les chansons sont jolies, à la mode folkeuse au joli minois comme Anna Terhneim ou récemment Agnes Obel. Le set manque tout de même cruellement d'énergie pour totalement captiver le public.
On pourrait craindre le même phénomène avec Laetitia Sadier qui lui succède puisqu'elle arrive seule sur scène. Mais celle qui a fait notre bonheur au travers de Stereolab puis Monade ne s'en laisse pas compter et armée de sa guitare, elle livre quelques beaux titres entrecoupés de petites phrases à l'attention du public. Le charme opère et le set se termine par un morceau sur lequel Adam Pierce et son clavier (en l'occurrence à la basse) rejoignent Laetitia sur scène. Pour un peu, on regretterait que tout le concert ne fut pas exécuté en trio.
Rapide mise en place pendant que Doug Scharin discute dans le public sans le moindre stress.
Et le stress ne semble d'ailleurs toucher aucun des musiciens de la formation Mice Parade : batteur, guitariste, bassiste, clapour, choristes et bien entendu Pierce lui-même sont là avant tout pour se faire plaisir, en nous offrant le meilleur de leur musique et c'est sans transition que le concert démarre devant un public déjà convaincu et attentif.
La musique de Mice Parade n'est plus à présenter, mélangeant les genres comme on mélange des ingrédients entre eux pour en faire de la haute gastronomie. Le jazz côtoie le funk, le pop flirte avec le post-rock, le tout parfaitement maîtrisé par une formation faite de musiciens hors pair.
Lorsque Pierce n'est pas au chant et à la guitare, il s'installe à une seconde batterie et vient renforcer la rythmique de Scharin avec une complicité et une jubilation non feintes. Entre autres chanteuses, Laetitia Sadier reviendra chanter un morceau avec le groupe, comme une grande famille et terminera d'ailleurs le concert devant la scène à danser avec le public.
Un concert jubilatoire, festif, heureux en fait présentant le nouvel album What It Means To Be Left-Handed mais aussi quelques titres plus anciens, comme autant de repères pour le public et autant de plaisir partagé avec le groupe.
Leur nouvel album continue d'enfoncer le clou d'une musique exigeante et technique mais surtout intelligente et accessible. Le contraire d'une musique élitiste, la musique de Mice Parade parle à tout le monde et continue de donner un large sourire à qui l'écoute, tout comme elle continue visiblement à donner le sourire à ses interprètes. On pourrait dire de ce concert ce que l'on dirait de leur discographie : c'est à voir, à revoir et à écouter sans limite.
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