Et si Victor Hugo était né en 1980 ? Quel artiste aurait-il été ?
Il se serait probablement fait appeler Hugo-tout-court et aurait fredonné aux sons de sitars, de luths arabes, de banjos de gitans, de moogs et cors, de mélodies du peuple Lakota (c’est un mot savant pour dire Indien). Il aurait transpiré de lyrisme et de mélancolie, aurait murmuré l’amour comme personne, la séparation sans un cri, la silencieuse douleur de la perte...
Mais Victor Hugo est arrière-arrière-arrière-pépé, et d’autant plus trépassé depuis un sacré bout de temps. Et réincarné. Dedans Monsieur Bertrand Pierre. Si, si.
Bertrand Pierre, c’est un ex-Pow Wow, un artiste magique qui n’a pas besoin d’instrument en plus de sa voix (et de celles de ses copains) pour nous livrer des mélodies impossibles à reproduire seul (j’ai essayé, c’est moyen moins).
Après quelques années que nous ne compterons pas, le revoilà, et quel retour ! Si vous n’avez rien à me dire est inspiré des poèmes de Victor Hugo le coquin zyeutant sur les corsages de jeunes femmes ("Sara"), Victor Hugo l’amant amoureux ("Lettre", "La chose la meilleure"), Victor Hugo grand-père ("Jeanne"), Victor Hugo éploré à la mort de sa fille ("Demain dès l’aube"), Victor Hugo séducteur ("Si mes vers avaient des ailes"), Victor Hugo apaisé ("Autre chose")…
Il y en a treize comme ça, presque cinquante minutes de Victor Hugo par Bertrand Pierre à la voix pleine et grave, tout en chuchotis et en murmures tantôt passionnés, tantôt désespérés. Balaise ce qu’il peut faire avec sa voix ce monsieur, il s’empare littéralement du poète pour enrichir encore ses textes en les mettant savamment en romance, complainte, mélodie et mélopée charmantes.
On a dit de lui "Il n’a pas le cœur de son nom". Sûr. |