Qu'il est difficile à négocier, le tournant du troisième album ! On avait infiniment aimé le deuxième de Mintzkov, 360° (sortie française en 2009). Pour son troisième, le groupe de Philip Bosschaerts s'est offert un bond de côté, un peu plus loin du dEUS de Tom Barman (c'est mieux), mais surtout un peu moins haut (c'est dommage).
Un peu à la façon du dernier Placebo (Battle for the sun, bataille perdue, façon fausse résurrection), Rising sun, Setting sun est traversé par l'obsession, déçue, de la régénération le single imparable. Cela commençait pourtant plutôt bien avec un "Rising sun, Setting sun" de bon aloi, titre d'ouverture aussi éponyme qu'il se peut. Peut-être pas très très très inspiré, mais en tout cas énergique et dansant. Hélas ! Si l'on aurait pu accepter un démarrage un peu mou à l'expresse condition de trouver plus loin dans la course de l'album la puissance attendue, le rythme espéré, la mélodie rêvée, il faudra bien se résoudre : cette ouverture en demi-forme, c'est ce que l'album aura de mieux à offrir.
Que l'on ne se méprenne : l'album est loin d'être mauvais. Très loin. Il a même ses bons moments, juste de quoi se dire qu'il a tout d'un grand, ce rock-là. Agrémentant son rock d'un peu plus de danse encore, Mintzkov braconne sur les dernières terres de sa majesté Franz Ferdinand, dans les traces d'un Kasabian. Mais pourquoi fallait-il qu'on le pare de si étriqués atours ? Car à vouloir rentrer dans les tops, on s'interdit certainement d'exprimer tout son appétit. Et si Mintzkov a l'étoffe du plus vorace des ogres, il picore tout au long de cet album comme une donzelle jeune et intimidée par ses futurs beaux parents venus lui présenter son promis. On se sent un peu comme face à un Radiohead resté bloqué avant Ok Computer, aux Smashing Pumpkins de Gish, à la fin de carrière de Frank Black...
En attendant que le groupe finisse de se révéler à lui-même avec un album ambitieux et créatif, débarrassé de l'encombrant désir d'écrire son hit radiophonique, on se consolera en réécoutant 360° et en se concentrant sur les meilleurs titres de cet album : l'éponyme ouverture, on l'a dit, mais aussi "25th hour" ou "Opening Fire" (le premier single, dont la face-b, une reprise du "Andy" des Rita Mitsouko pourtant pleine de bonne volonté, confirme surtout tout ce que le duo français a de profondément intouchable dans son originalité). |