Réalisé
par Radu Muntean. Roumanie. Drame.
Durée : 1h39. (Sortie 8 décembre 2010). Avec Mimi Branescu, Mirela Oprisor et Marisa Popistasu.
Depuis la Palme d’Or obtenu à Cannes par Christian Mungiu pour "4 mois, 3 semaines et 2 jours" en 2007, on suit le cinéma roumain d’un autre œil.
Si, comme à chaque fois, il est abusif de parler de "Nouvelle vague" pour un pays qui ne peut pas prétendre en avoir connu une "ancienne", il est clair qu’il se passe cinématographiquement quelque chose en Roumanie.
Avec son quatrième film, Radu Muntean est en passe, avec son compatriote Corneliu Porumboiu, qui a réalisé "Policier, adjectif", d’être dans le club très fermé des meilleurs films sortis en France cette année.
D’une simple histoire d’adultère, il réussit à faire une vraie autopsie du couple bourgeois des années 2000 et montre avec justesse ce qui motive chacun des membres du trio femme-mari-maîtresse.
Triangle qu’on peut même transformer en carré si l’on y intègre le personnage de la petite fille dont la vie va être bouleversée par un simple problème d’orthodontie.
Dans "Mardi, après Noël", on est d’abord épaté par la qualité de l’écriture ainsi que par la capacité de Muntean à mener son récit vers l’évidence, donc vers la perfection.
Du coup certains dénigreront cette perfection, lui trouvant un côté appliqué, voire scolaire. Mais Radu Muntean n’en a cure : il tient son sujet, récite avec assurance un cinéma d’une rare efficacité visuelle et donne à chacun de ses acteurs de quoi montrer que les acteurs roumains n’ont pas de leçons à recevoir de leurs homologues
occidentaux. La fin du film est d'une cruauté rare malgré les cadeaux d’un Noël qui cache le pire à venir pour la petite fille : la fin d’un bonheur familial qui semblait pourtant s’inscrire dans l’éternité de son enfance.
On pense immanquablement à Bergman en suivant cette chronique disséquant une séparation. Radu Muntean ne commet aucune faute de goût et l’on appréciera la force de la scène où le trio bourgeois classique est à nu sur l’écran dans un rapport clinique d’une force inouïe où la maîtresse-orthondiste explique à l’épouse trompée l’intérêt pour sa fille d’avoir un appareil dentaire qui va changer sa vie, tout ça sous le regard pas fier de son amant.
Une grand film qui n’hésite pas à s’exprimer sur les sentiments humains les plus connus pour en fournir une version moderne ne souffrant aucune contestation. |