Une fratrie, de la pop, des influences folk, on a déjà connu ça et ce n'est pas le nouvel album des frangins Aaron qui vient de sortir qui pourra nous contredire.
Yules comme bon nombre de groupes officient dans le registre folk acoustique aux angles arrondis par des mélodies pop soyeuses, des années 60, 70. On dirait plutôt à l'écoute de Strike a Balance, les années 80, sentiment renforcé par la reprise impeccable de "Fall at your feet" des Crowded Houses en Froggy's Session.
Quasiment acoustique de bout en bout, les guitares ont la part belle, soutenues par quelques percussions, des claviers forcement vintages et portées par un chant puissant et affirmé qui a tendance cependant à tenir les notes un peu trop longtemps. Les chansons s'enchaînent de façon ultra fluide, parfois douce et nostalgique, parfois plus énergique, lorgnant du côté d'une pop anglaise privée d'électricité dont "Absolute believer" est l'exemple parfait, réussissant sans peine à faire danser dans l'once d'une pédale wahwah (mais en contrepartie tirant un peu trop dans les aigues).
L'ensemble fleure bon le hippie 60, jamais loin des ritournelles à la façon de Simon and Garfunkel ("The hopeful bells") dont le groupe se revendique par ailleurs (tout comme de Leonard Cohen mais là par contre, c'est moins... évident).
On pense parfois plutôt à Eels dans la façon de chanter comme sur l'introduction de "Everlasting child", très élégante ballade, simple et élégante avant de se perdre sur la fin. On pense aussi à une sorte de version acoustique de Coldplay, comme Puggy serait celle de Muse, le tout mélangé à quelques imitations de Lennon ou McCartney ("Everything She does is blessing").
Strike a balance est donc un disque de pop acoustique capable de ravir quelques amoureux de mélodies faciles à retenir, voire tubesque ("A silent journey") qui ont sans doute déjà craqués sur Aaron ou les rééditions de Lennon. Les autres trouveront sans doute l'effort honorable mais un peu léger et déjà vu.
Ce qui n'enlève en rien aux talents de compositeurs des deux frangins que l'on attend sur scène de pied ferme avec, espérons-le, plus d'aspérités à leur musique, histoire de s'y accrocher plus durablement. |