Comédie dramatique écrite et mise en scène par Béatrice Zittoun, avec Pauline Laulhe, Benoit Michaud, Nejma Ben Amor, Constance Texier, Blaise Mouli, Clément Noblecourt, Bérénice Desnot, Augsta Kharitonoff et Clément Milési.
Un couple qui ne se comprend plus décide de rentrer dans l’intimité de spécimens humains pour découvrir ce qui lui manque.
Construit en une succession de tableaux où l’on assiste à travers son monologue à la vie de chacun, "Aléthéia", écrit et mis en scène par Béatrice Zittoun, est une première création de la Compagnie du Souffle.
De souffle, "Aléthéia" n’en manque pas et intelligemment rythmée par deux musiciens sur scène (Augusta Kharitonoff, visage expressif qui soutient les personnages avec compassion, au violoncelle et Clément Milesi au saxophone, plus en sobriété) qui lui donne une ambiance intime et introspective, la pièce enchaîne les fragments d’existence sur un ton badin mais qui cachent à chaque fois une fissure bien présente.
Ils verront donc : une jeune femme qui essaye d’échapper à son portable, aux multiples sollicitations de son entourage et tente d’être franche en toute occasion. Dans ce premier texte, Pauline Laulhe est épatante de précision et de nuances. Son énergie et sa variété de jeu embarquent littéralement le spectateur.
Le second monologue est l’autocritique d’un jeune cadre, Monsieur Foste, qui n’en peut plus de jouer le rôle imposé par son emploi. Là aussi, Benoit Michaud est formidable dans un registre pas évident, constamment sur le fil.
Le troisième personnage est une femme obsédée par son image et le jeu de la séduction. Elle en voit rapidement les limites et confie ses fêlures. Nejma Ben Amor est parfaite en femme fatale.
Le dernier tableau montre en parallèle un dragueur en proie au doute et une amoureuse qui noie son manque dans la boulimie. Blaise Moulin (cynique à souhait) et Constance Texier (touchante) composent un duo intéressant qui interroge sur l’ère du virtuel.
A l’issue de ce voyage, le couple de départ (Bérénice Desnot et Clément Noblecourt) aura remis ses propres lacunes en perspective et sera prêt à prendre un nouveau départ, fort de ces témoignages qui les renseignent aussi sur eux. Une belle allégorie sur la fonction cathartique du théâtre.
Il est question ici de visiter l’autre pour mieux se découvrir soi-même. Chacun des cinq personnages observé se livre dans la plus parfaite sincérité et ces confessions intimes font tomber les masques de l’apparence pour mieux révéler l’essence des êtres et ce qu’ils essayent de dissimuler derrière une façade de convenance imposée par la société.
"Aléthéia", quoique un peu trop explicatif par moment, a le mérite de donner une image assez réaliste des rapports homme-femme au 21ème siècle et ce, sans effet facile et sans tomber dans le travers des comédies grasses qui pullulent. C’est tout à l’honneur de cette compagnie de tenter une vraie création basée avant tout sur les émotions et servie par de jeunes comédiens prometteurs.
Un travail à encourager, il va de soi. |