Fable politique de Bertolf Brecht, mise en scène de Dominique Lurcel, avec Céline Bothorel, Mathieu Desfemmes, Guillaume Ledun, Matthieu Rauchvarger et Guilllaume van't Hoff.
"L'exception et la règle" a été écrite en 1930. A cette période, la République de Weimar connaît de sérieuses difficultés économiques liées à la baisse des exportations suite à la crise de 1929.
Un marchand, afin d'acheter une concession de pétrole avant ses concurrents, traverse le désert accompagné par son seul coolie. Mais il faut toujours aller plus vite et prendre plus de risques. Celui-ci avance sans se plaindre, malgré le poids des bagages, malgré les coups et malgré la soif.
Après l'avoir flatté, après lui avoir fait des promesses (qui n'engagent que ceux qui les croient), après l'avoir battu, le marchand devenu paranoïaque assassinera le coolie alors que celui-ci voulait lui venir en aide. Devant le tribunal, le marchand sera exonéré de son crime au motif qu'il était légitime que le marchand pense que son coolie veuille se venger.
La mise en scène de Dominique Lurcel fait la part belle aux acteurs. Au centre de la scène, ce sont eux qui insufflent toute la dynamique à cette longue marche dans le désert. Ils sont tous en permanence en scène,sur un plateau presque nu.
Guillaume van’t Hoff, dans le rôle du marchand, et Mathieu Desfemmes, dans celui du coolie, sont bien entendu aux avant-postes. Guillaume van’t Hoff jouant la duplicité, s'adresse au coolie et parfois au public pour expliquer ses motivations. quant à Matthieu Desfemmes, il habille son visage rond qui inspire la confiance d'un doux sourire malgré les épreuves. Tous deux, par leur jeu, donnent du corps à ce texte.
Céline Bothorel et Matthieu Rauchvarger interprètent à la fois les marchands concurrents, la femme du coolie et l’hôtelier lors d'une étape. Ils rythment aussi, en musique, l'avancée de la caravane concurrente. Guillaume Ledun, quant à lui, offre une composition toute en retenue d'un guide qui cherche à rétablir la vérité et la justice.
Le public se laisse entraîner par une intrigue bien menée, Théâtre "didactique", à la fois pédagogique et politique, cette pièce est aussi une comédie acide et un conte moral. Comme chez Jean de La Fontaine "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir".
Il est étonnant de constater à quel point la pièce de Bertold Brecht paraît résolument moderne et entre en résonance avec la période que notre société traverse aujourd'hui. C'est d'ailleurs pour cette raison que les représentations du vendredi à Confluences sont suivies d'un débat avec des journalistes ou des représentants du monde politique et social. |