Comédie dramatique écrite et mise en scène par Gérard Watkins, avec Anne-Lise Heimburger et Fabien Orcier.
Une longue bande de tapis blanc traverse le plateau de part et d’autre en diagonale. Au bout, à gauche de la scène sur une tablette comme une cuisine américaine, quelques objets usuels : assiettes, téléphone, papiers.
Un couple dans la dèche, elle et lui, allongée et assis sur le tapis. Ils lisent. Elle, un mode d’emploi pour la grève de la faim ; lui, l’étiquette d’une bouteille de vin. Soudain, il découvre un mystérieux jeu-concours pour gagner de l’argent.
Ils sont alors plongés dans un inquiétant engrenage. La pression exercée par de mystérieux interlocuteurs qui envoient des questionnaires se fait de plus en plus forte. "Vos parents sont-ils vos parents ?", c’est la question à laquelle ils sont sommés de répondre dans les plus brefs délais, preuves ADN à l’appui.
Fin, précis, épuré, "Identité", le texte de Gérard Watkins dénonce le fichage génétique des individus mais aussi des consommateurs-type qu’ils sont devenus. Le parallèle avec la rafle du Vel d’hiv’ est suffisamment probant et fort. La mise en scène, très réaliste et déphasée en même temps est réellement percutante. La pièce est grinçante de bout en bout mais vraiment drôle aussi. Quant à la fin, elle nous paralyse littéralement.
Fabien Orcier compose un gaillard terrien qui rappelle un peu Gérard Depardieu ; Anne-Lise Heimburger, une femme faussement désinvolte dont la personnalité évolue au fur et à mesure des événements et de son degré d’alcoolémie. Elle est impressionnante de nuances et d’intériorité.
A la fin, sur le tapis blanc, les mêmes : lui, agenouillé et elle, inanimée ; le couple broyé.
A voir absolument |